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Théo Kerg
dans l’enseignement secondaire
au Luxembourg et la suite.


Préface

Suite à divers textes parus dans le passé, dans la littérature, dans la presse et sur internet, il semble nécessaire que la biographie de la carrière de Théo Kerg dans l’enseignement secondaire soit plus connue au grand publique. Cette nécessité est particulièrement visible en lisant les pages 180 à 184 du livre : 100 ans chronique de l’APESS, publié en 2006 par l’APESS, à l’occasion de son centenaire. Sur ces cinq pages on trouve un texte sur le professeur de dessin Théo Kerg, qui n’a jamais été membre de cette association. Ce texte imprécis et loin de la vérité mérite un redressement plus près de la réalité et de la vérité, surtout pour les événements des années 40. Ce redressement s’étend, pour être complet, de 1933 à 1955.


Luxembourg : 19 juin 1933. Après sa demande écrite du 24.4.1933, Théo Kerg réitère sa requête au Ministre d’État, Président du Gouvernement à Luxembourg, pour être admis à l’examen de professorat de dessin. Cette demande est conforme à l’arrêté Grand-ducal du 18.8.1926 avec certificats à l’appui. 99

Luxembourg : 29 et 30 septembre 1933. A l’école des artisans de Luxembourg, Théo Kerg réussit l’examen théorique (écrit et oral) d’admission à l’enseignement comme professeur de dessin à Luxembourg, suivant l’article 20 de l’arrêté Grand-ducal du 18.8.1926.108

Luxembourg : 10 octobre 1933. Il reçoitl’autorisation par le Gouvernement luxembourgeois d’accomplir une période probatoire comme professeur-stagiaire d’éducation artistique à Esch-sur-Alzette.109

Esch-sur-Alzette : du 14 octobre 1933 jusqu’au 26 janvier 1934, Théo Kerg est professeur-stagiaire d’éducation artistique dans l’enseignement secondaire. (École Industrielle et Commerciale à Esch-sur-Alzette).

Esch-sur-Alzette : vers la fin de l’année 1933, des amis parisiens, qui impriment des affiches pour la propagande de la gauche espagnole, demandent à Théo Kerg de mettre son talent d’artiste à la disposition de leur cause. Théo Kerg décide d’envoyer le paquet, avec des gravures sur bois, par la Poste française d’Audun-le-Tiche. Malheureusement, au poste de douane de cette même localité, Théo Kerg est interpellé par la police frontalière, contrôlé et interrogé. Puis il est renvoyé au Luxembourg.

Pendant son interrogatoire, Kerg s’aperçoit que les autorités savent qu’il était l’auteur de l’illustration du poème de Paul Scholl, paru dans la « Voix des Jeunes » de l’Assoss, au mois d’août 1933.112  Les autorités françaises informent les autorités luxembourgeoises des activités propagandistes du jeune stagiaire de l’enseignement secondaire d’Esch-sur-Alzette. Le sous-officier d’ordonnance « Unteradjutant » Koenig rédige un rapport sur l’activité politique de Théo Kerg qui entraînera une suspension de ses fonctions d’enseignant le 26 janvier 1934. (Kriminalbeamte König, dixit Théo Kerg). 113 Il ressort de documents du «Öffentlicher Sicherheitsdienst» luxembourgeois, datés respectivement du 26.10.1033, du 29.10.1933 et du 12.11.1933, que le sous-officier d’ordonnance « Unteradjutant » Koenig travaille pour ce service et fait des rapports sur des personnes soupçonnées d’être des communistes.114

Luxembourg : 26 janvier 1934 ; suite à une lettre du ministre de l’Instruction publique Joseph Bech du 26.01.1934 au directeur Manternach, de l’École Industrielle et Commerciale d’Esch-sur-Alzette, Théo Kerg est suspendu de ses fonctions dans l’enseignement à cause d’activités soi-disant politiques non compatibles avec sa fonction dans l’enseignement. (Propagande communiste au pays et à l’étranger). L’autorisation du 10.10.1933, du Gouvernement, de faire un stage dans cette école, est retirée à Théo Kerg à partir de ce jour. 117

Théo Kerg doit également quitter son domicile parental et vivre une vie assez précaire pendant les années 1934-35 chez son ami Nicolas Schons, qui est adjudant dans la Gendarmerie et habite place de Strasbourg à Luxembourg. 118

Théo Kerg est le premier professeur-stagiaire à être suspendu de ses fonctions à cause d’activités politiques de gauche. Théo Kerg réintégrera ses fonctions dans l’enseignement le 4 septembre 1936. 119 Le 27 juin 1934, les instituteurs, soi-disant communistes, Kill et Urbany sont également suspendus de leur fonction sans préavis par le Ministre d’Etat. 120

(Dans sa lettre, de mai 1987, Théo Kerg écrit au professeur Carlo Schmitz qu’il a été destitué, en 1934, par Joseph Bech pour avoir diffusé des idées trop à gauche et pris parti pour les insurgés de Paris de janvier 1934). 122

Luxembourg : 4 septembre 1936 ; réintégration de Théo Kerg dans l’enseignement secondaire, jusqu’au 3 juillet 1943, date de sa démission. Au début Théo Kerg donne provisoirement des cours dans les lycées à Luxembourg et au Gymnase à Diekirch. L’entrée définitive se fera le 11 novembre 1936.  139

Luxembourg : 17 juin 1938. Théo Kerg réussit l’examen pratique pour devenir aspirant-professeur de dessin dans les établissements d’enseignement secondaire.

Le vendredi 10 mai 1940, à 4 heures 35 du matin, les troupes allemandes envahissent le Grand – Duché de Luxembourg.

Luxembourg : 3 septembre 1940 ; une réunion des directeurs de lycée a lieu dans la capitale, en présence de” l’Oberschulrat” Lippmann. Le début des cours est fixé au 1er octobre 1940.  120

Esch-sur-Alzette : 27 septembre 1940 ; ne pouvant plus se soustraire à la pression de la Gestapo, Théo Kerg fait, ce jour, une demande d’admission à la V.d.B. (Volksdeutsche Bewegung). La date d’entrée est marquée sur sa carte de membre qu’il recevra, le 15 décembre 1940, avec le numéro 8102. Pendant la période du 27 septembre au 15 décembre 1940, Théo Kerg est, vu son activité procommuniste au début des années 30, surveillé de près par l’occupant.  200Fin septembre 1940, le nombre des membres du V.d.B. s’élève à environ 5000 à 6000.  201

Luxembourg : 28 septembre 1940 ; adhésion unanime à la V.d.B. de la compagnie des militaires volontaires luxembourgeois (Freiwëllegenkompagnie). 202

Luxembourg : 30 septembre 1940 ; le Conseiller de Gouvernement pour l’enseignement public, L. Simmer, de la commission administrative de l’occupant, écrit au Directeur de l’École Industrielle et Commerciale à Esch-sur-Alzette: « Ich beehre mich, Ihnen mitzuteilen, dass ich dem Chef der Zivilverwaltung einen Beschluss zur Genehmigung unterbreiten werde, gemäß welchem Herr Theodor Kerg zum Zeichenprofessor an Ihrer Anstalt ernannt wird. Herr Kerg wird seinen Dienst sofort antreten, um den Schulbetrieb sicherzustellen. Er wird auch mit Unterrichtsstunden am Mädchenlyzeum in Esch-sur-Alzette betraut werden können…Sie wollen Herr Kerg hiervon Kenntnis geben   ». Une copie est envoyée au Directeur du Lycée de Jeunes Filles à Esch-sur-Alzette. Théo Kerg entre donc dans l’enseignement avec effet immédiat.  203

Luxembourg : 1er octobre 1940 ; le représentant du chef de la «Zivilverwaltung» Lippmann informe, par lettre, le directeur Paul Thibeau de l’«Industrie und Handelsschule» d’Esch-sur-Alzette, que la nomination définitive de Théo Kerg au poste de professeur de dessin est envisagée.  204

Luxembourg : 4 octobre 1940 ; le Conseiller de Gouvernement pour l’enseignement publique, L. Simmer, de la commission administrative de l’occupant, écrit au Directeur du Lycée de jeunes filles à Esch-sur-Alzette : «In Beantwortung Ihres Berichtes vom 1. Oktober, Nr.216, beehre ich mich Ihnen mitzuteilen, dass ich mit Ihren Vorschlägen über die Regelung der Dienstleistungen der HH. Friob und Kerg einverstanden bin.»  205

Le 6 octobre 1940, après quelques travaux de transformation, Théo Kerg réintègre, avec sa femme, son habitation au 51, rue J. P. Michels. Pour débloquer la situation difficile qu’est la surveillance de près par l’occupant, Théo Kerg cherche l’aide de son voisin d’en face, Rüdiger (Roger) Cresto. Celui-ci, bien que Maître d’école, travaille dans l’administration allemande. 

Pendant plusieurs semaines, ce voisin est submergé de travail, les structures administratives allemandes n’étant pas encore définitivement installées. Il demande à Théo Kerg de lui prêter main forte dans des travaux d’archivage pendant une durée de 6 semaines environ. (oct.-nov.40). Pendant cette période, Cresto est Kreispropagandaleiter. Le travail sporadique de Théo Kerg, qui se fait dans le bureau de Rüdiger Cresto, consiste principalement dans la classification de la correspondance de ce dernier. Théo Kerg aide également son voisin à décorer une salle de fêtes où doit se tenir une manifestation de l’occupant allemand. 206  Tous ces travaux sont exécutés pendant les heures libres de Théo Kerg, vu qu’il donne des cours de dessin dans les deux écoles secondaires d’Esch-sur-Alzette, depuis le 1er octobre de cette même année.

Esch-sur-Alzette : 24 octobre 1940 ; Théo Kerg, en tant qu’aspirant-professeur « Zeichenprofessoranwärter (Kursleiter)», remplit le formulaire «Personal- und Besoldungsbogen A für luxemburgische Beamte ». On peut lire sur le formulaire qu’il a droit, pour octobre 1940, de 2.340,80 lfr comme «ruhegaltsfähiger Monatsbruttobetrag » et 2.259,80 lfr “Nettobetrag”. Le formulaire est signé par Théo Kerg et le directeur de l’Industrie u. Handelsschule à Esch-sur-Alzette Paul Thibeau. 208

Esch-sur-Alzette : en octobre 1940. Peu à peu, la nouvelle structure administrative allemande s’installe. Arrive le nouveau dirigeant de la « Kreisleitung», le Schulrat Wilhelm Diehl. Il ordonne à Théo Kerg de publier dans le Tageblatt, le journal d’Esch, quelques articles sur l’artisanat et l’histoire des villages et châteaux du Luxembourg. Ainsi, une douzaine d’articles, illustrés par des dessins, seront publiés par Théo Kerg jusqu’au milieu de 1941. Il n’utilisera pas le jargon nazi et copiera les textes dans des livres d’histoire du Grand- Duché de Luxembourg jusqu’à ce que l’occupant le remarque. A partir de ce moment, les publications sont arrêtées.

Esch-sur-Alzette : en automne 1940. A part les publications, le «Kreisleiter» Diehl oblige Théo Kerg à assister en chemise blanche et en pantalon noir (uniforme de la VDB) à une «Kundgebung» à Esch-sur- Alzette, à une «Totenehrung» et à 3 «Pflichtversammlungen». Théo Kerg écrit qu’un refus à ces obligations aurait signifié pour lui un internement dans un camp de concentration. 209

Luxembourg : 29 octobre 1940 ; le Gauleiter Gustav Simon et le «Reichsminister» Bernhard Rust menacent le corps enseignant de déportation en Allemagne s’il n’adhère pas à la V.d.B. A ce moment, la V.d.B. compte environ 40.000 adhérents. 210

Luxembourg : 30 octobre 1940 ; «adhésion quasi unanime du corps professoral à la V.d.B. réduisant ainsi cette affiliation collective à la V.d.B. à une simple formalité .» 211

Luxembourg : 5 novembre 1940; il ressort d’une circulaire de ce jour de la «Verwaltungskommission  in Luxemburg». «An alle Schulen. Im Nachgang zu meiner Verfügung vom 24.10.40 bestimme ich auf Anweisung des Chefs der Zivilverwaltung, dass die weltlichen Lehrkräfte aller Schularten nicht allein an den wöchentlichen Schulungsabenden der Volksdeutschen Bewegung, sondern auch an den übrigen politischen Veranstaltungen ihrer Ortsgruppe teilzunehmen haben… Sie wollen den Lehrern und Lehrerinnen Ihrer Anstalt (Ihres Bezirks) hiervon Kenntnisgeben. Der Regierungsrat für öffentlichen Unterricht L. Simmer.» 212

Esch-sur-Alzette en novembre 1940 ; le «Kreisleiter» Wilhelm Diehl ordonne à Théo Kerg de faire une conférence de 10 minutes sur les membres de la Maison de Luxembourg sur le trône impérial allemand. Prétextant une maladie, Théo Kerg essaie de se dérober à cette contrainte. L’occupant n’accepte pas l’excuse de Théo Kerg, envoie une voiture le chercher à son domicile privé, le fait sortir du lit et l’amène à la conférence. 213

Esch-sur-Alzette : en automne 1940 ; Théo Kerg n’a pas d’uniforme jaune. Il n’est ni membre dans le NSDAP, ni dans la S.A. Cependant, un jour, Théo Kerg achète une veste de couleur jaune dans un magasin de la rue de l’Alzette pour assister, dans la journée, à une manifestation du «Winterhilfswerk» dans une tente érigée à la place du Brill à Esch /Alzette. Cet achat est fait sans le savoir de son épouse. Après la réunion, Madame Kerg teint la veste en brun foncé, provoquant, ainsi, un rétrécissement et la rendant inutilisable. Plus tard elle fera de l’étoffe des habits, pour ses deux enfants. A partir de cet incident, on reproche à Théo Kerg d’avoir porté l’uniforme jaune.

Esch-sur-Alzette : 3 décembre 1940 ; Théo Kerg adresse une lettre de réclamation au directeur de l’«Industrie- und -Handelsschule» d’Esch-sur-Alzette concernant son salaire du mois de décembre 1940 qui n’est que de 207,10 RM. Il déplore une perte de 8,90 RM. Cette lettre contient un relevé détaillé des dépenses mensuelles minimales nécessaires à un couple. 215

Luxembourg : 12 décembre 1940 ; sous l’impulsion du professeur de dessin Felix Glatz, sept professeurs de dessin écrivent à l’Oberschulrat Lippmann une lettre de réclamation concernant leur salaire mensuel. Ce sont Prosper Friob, Felix Glatz, Johann Greiweldinger, Théo Kerg, Johann Peter Lamboray, Heinrich Rabinger et Johannes Schaack. 216

Esch-sur-Alzette : 12 décembre 1940. Les événements de cette journée méritent une description détaillée car le Tribunal sommaire, de décembre 1948, se basera sur les événements de cette journée et les journées à venir pour reprocher à Théo Kerg une complicité dans une affaire de dénonciation contre le professeur Alphonse Arend. Théo Kerg et son ami Alphonse Arend participent, avec un léger retard, à une réunion pour le corps enseignant («Lehrertagung») organisée par l’occupant à l’École des Artisans, rue Victor Hugo. L’orateur est le «Regierungspräsident» Heinrich Christian Sieckmeier (1901-1982). Théo Kerg est assis dans la 4e rangée entre des instituteurs et des femmes collègues. Le professeur Alphonse Arend est assis dans la 5e rangée avec le collègue Decker et deux institutrices. A cause de leur comportement bizarre, les deux institutrices attirent l’attention des personnes dans la salle. Alphonse Arend fait quelques remarques. Après la conférence ratée de Sieckmeier, le “Kreisleiter” Diehl prend la parole pour dissiper la mauvaise impression produite par le “Regierungspräsident”. Après la réunion, Théo Kerg rentre chez lui. 217 « Les personnes qui s’étaient rassemblées dans la salle attendirent une demi- heure avant quel’orateur ne parût. Ceci donnait lieu à des colloques. Le professeur Arend était assis dans mon voisinage. Kerg et l’instituteur Simon avaient pris place dans la rangée avant lui. Exaspéré par l’attente, le professeur Arend fit la remarque suivante : « Qu’est-ce que nous (avons) fait à devoir rester ici ?» (Témoignage du professeur Heirens Nicolas, 02. 02.1945). 218 « J’avais pris place avec quelques autres collègues dans le fond de la salle et j’essayai de troubler la réunion par des remarques faites à mi-voix. Kerg était assis dans mon voisinage immédiat. Il portait la chemise blanche. Si mes souvenirs sont exacts j’avais proféré les paroles suivantes : «Ce sont des âneries que celui-là débite.» (Témoignage du professeur Arend Alphonse, 26.02.1945). Le lendemain, Alphonse Arend doit donner des explications au «Kreisleiter» Diehl. On lui fait part qu’une action disciplinaire sera intentée contre lui et qu’il sera suspendu de ses fonctions provisoirement pendant toute la durée de cette action. Le 27 mai 1941, il est cité devant le conseil de discipline à Luxembourg.

Luxembourg : 15 décembre 1940 ; comme déjà mentionné plus haut, Théo Kerg reçoit sa carte de membre du V.d.B. avec le numéro 8102. La fin de son adhésion au V.d.B. se situe vraisemblablement, compte tenu des timbres collés sur sa carte de membre, vers la fin du mois d’avril 1943.

«Opportunismus und Überzeugung mögen als Gründe für den Eintritt in die VdB für die ersten 5 000 Mitglieder zutreffen; die große Mehrheit beugte sich einzig und allein dem Druck den der CdZ auf sie ausüben ließ».220

Coblence : 18 décembre 1940 ; il ressort d’une lettre de ce jour du «Winterhilfswerk des Deutschen Volkes, Gau Koblenz-Trier. An den Studiendirektor des Mädchenlyzeums Esch» que la 4e «Reichs-straßensammlung für das Kriegswinterhilfswerk 1940/1941 » aura lieu le 21 et le 22décembre 1940.221

Esch-sur-Alzette : 27 décembre 1940 ; Théo Kerg écrit une lettre de réclamation au «Kreisleiter» Diehl disant que son salaire mensuel de 207 RM est nettement insuffisant. Il ajoute à la fin, dans une remarque manuscrite, que son salaire mensuel de janvier 1941, qu’il vient de recevoir, n’est plus que de 140 RM.222

Luxembourg : 31 décembre 1940 ; dans les rapports secrets du “Sicherheitsdienst der SS” sur la situation au Luxembourg on peut lire le texte suivant: “Die Volksdeutsche Bewegung zähle zwar am Jahresende 1940 50.000 Mitglieder, von diesen bekennen sich aber nur ein kleiner Teil rückhaltlos und unter allen Umständen zum Reich. Die Bewegung setzt sich in erster Linie aus Arbeitern und Beamten zusammen. Daneben finde sich in den Reihen der Volksdeutschen Bewegung eine Anzahl Bauern und kleinere Geschäftsleute. Alle Kreise, die irgendwie überein größeres Vermögen verfügen und dadurch wirtschaftlich unabhängig seien, ständen noch außerhalb der Bewegung. Diese Kreise würden weiterhin von den Luxemburger Intellektuellen, Geistlichen und Großkaufleute geführt und gegen den Anschlußgedanken ausgerichtet. In den Reihen der Volksdeutschen Bewegung hätten sich darüber hinaus viele Gegner eingeschlichen, um auf diese Weise, wie in verschiedenen Meldungen berichtet wird, eine planvolle Unterminierung der VDB zu betreiben. Nach Meinung deutschbewußter Kreise seien auch in führende Stellen der VDB Personen eingebaut, die aufgrund ihrer Haltung vor dem 10.5.1940 eigene politische Unsicherheit zeigen und aus Mangel an eigener Überzeugung auf die Gefolgschaf tder Bewegung nicht in notwendiger Weise einwirken könnten. In diesem Zusammenhang wurden z. B. der ehem. Kommunist Theo Kerk, (Kerg) der in der “Neue Zeit” gegen die deutsch-freundlichen Kreise Luxemburgs und das Reich geschrieben habe, und der früher deutschfeindliche Schriftleiter Paul Müller genannt.” Extrait de Heinz Boberach, Meldungen aus dem Reich; Die geheimen Lageberichte des Sicherheitsdienstes der SS 1938-1945, Band 6, page 1910.

Esch-sur-Alzette : en janvier 1941. Théo Kerg est cité à comparaître à la «Kreisleitung» d’Esch-sur-Alzette. Pendant cet interrogatoire, le dirigent Diehl et le censeur et poète Wolfram Brockmeier reprochent à Théo Kerg ses conceptions artistiques et ses œuvres trop françaises. Théo Kerg apprend qu’il sera bientôt décidé dans la «Kulturkammer» s’il peut continuer à peindre ou non. D’ici là, il devra s’abstenir de toute activité artistique.

Peu après, Théo Kerg est cité par le «Personalamtsleiter» Dr. Unger devant la «Landesleitung» du V.d.B. Ce dernier lui demande si le chemin du communisme vers celui du nazisme est encore long. Théo Kerg est sommé par l’occupant de présenter quelques-unes de ses œuvres à la «Landeskulturkammer» afin que l’occupant puisse juger si Théo Kerg est digne d’être accepté dans cette institution. Sans être membre de cette institution, une activité artistique sous l’occupant est impossible. Les œuvres présentées sont refusées et confisquées. Peu de temps après, deux censeurs du «Kulturverband» viennent examiner les œuvres de Théo Kerg, chez lui, au 51, rue J.P. Michels à Esch-sur-Alzette. Quelques jours plus tard, la Gestapo confisque quelques œuvres à son domicile. 224

Friedewald / Rheinland-Pfalz: Schloss, 30 janvier – 15 février 1941 ; Théo Kerg et 69 autres membres du corps enseignant luxembourgeois sont forcés de participer à un séminaire d’endoctrinement qui est organisé par l’occupant allemand. Le 12 février, un article sur le séminaire à Friedewald est publié dans la presse. 228

Cet article est écrit par un rédacteur allemand mais porte la signature de Théo Kerg. Furieux, Théo Kerg proteste auprès du Kreisleiter Diehl. 229Plus tard, dans le dossier Kerg de l’Épuration, il est fait état de cet article sans tenir compte du fait que l’auteur n’est pas Théo Kerg.

Pour le Kreis Esch-Alzig, après la date du 1ermars 1941, on trouve dans la presse locale Tageblatt les noms de 5 Kreispropagandaleiter : Götze 24.3.1941, page 4, Folge 70 ; Decker 28/29.6.1941, page 3, Folge 149 ; Jos Decker 12.7.1941, page 3, Folge 161 ; Stirn 6.10.1942, page 7, Folge 234 ; Kremer 26.7.1943, page 3, Folge 172 ; Frising 3.7.1944, page 3, Folge 153. Bien que dans le livre, 100 ans chronique de l’APESS, paru en 2006, il est écrit, page 183, qu’après la date du 1ermars 1941, Théo Kerg accéda au poste assez important du chef de propagande de la V.d.B. du district d’Eschle «Kreispropagandaleiter», le nom de Théo Kerg pour ce poste est introuvable dans la presse locale. Jusqu’à ce jour cette fonction est restée un mythe tout comme le port de l’uniforme jaune.

Luxembourg : 5 mars 1941 ; Théo Kerg écrit au Conseiller de Gouvernement Steinkohl dans l’affaire du Professeur Alphonse Arend pour revenir sur les propos de celui-ci lors de l’interrogatoire de la veille. Théo Kerg est d’avis que la phrase : «Das ist ja Quatsch» ne provient pas d’Alphonse Arend, mais d’une autre personne.230

Luxembourg : 21 mars 1941 ; Théo Kerg réussit l’examen de professeur de dessin. Il est admis comme professeur titulaire à partir du 1er mars 1941 et enseigne à l’École Industrielle et Commerciale d’Esch-sur-Alzette. Bien que professeur, il ne sera jamais affilié à l’Association des Professeurs de l’Enseignement Secondaire (APESS). 231

Luxembourg : 25 mars 1941« Erklärung des Chefs der Zivilverwaltung, Haus Arbed, Luxemburg: Herr Zeichenprofessor-Anwärter Théo Kerg ist mit Wirkung vom 01.03.41 planmäßig zum Zeichenprofessor an der Industrie und Handelsschule in Esch/Alzig ernannt worden».232

Luxembourg le 27 mars 1941 ; il ressort d’une lettre de ce jour du «Chef der Zivilverwaltung in Luxemburg»: «An den Direktor des Mädchenlyzeums in Esch-Alzig. Am 1. und 2. April gelangt der Film «Sieg im Westen» als Staatspolitische Schulveranstaltung (?) für die Höheren und Fachschulen der Stadt Esch/Alzig zum Einsatz. Die Vorführungen finden statt wie folgt: am Dienstag, dem 1. April, um 10.15 Uhr, für die Industrie-und Handelsschule und das Mädchen-lyzeum; am Mittwoch, dem 2. April, um 10,15 Uhr, für die Gewerbeschule. Der Besuch ist für die Lehrer und Schüler verpflichtend. Der Eintrittspreis ist auf 15 Pfenning ermässigt und wird im Voraus von den Klassenleitern einkassiert und abgeliefert. Organisatorische Anweisungen ergehen durch die Gaufilmstelle des Chefs der Zivilverwaltung in Luxemburg (Reichspropagandaamt). Ich ersuche, das weitere zu veranlassen. Im Auftrage: gez. Lippmann.» 233

Luxembourg : 31 mars 1941 ; pour briser la résistance passive des fonctionnaires, le Gauleiter Gustav Simon émet un décret qui soumet chaque fonctionnaire à une appréciation politique. Ceux qui n’offrent pas de garantie (nicht die Gewähr bieten) sont congédiés et/ou déportés. Au début, un catalogue de 12 points sert de base à cette appréciation politique. Parfois, un simple comportement francophile l’emploi de la langue française ou le fait d’avoir été francophile, avant l’entrée des troupes allemandes au Luxembourg suffisent pour être congédié. 234

Les professeurs et les avocats qui refusent de devenir membre de la V.d.B. et qui sont connus, pour leur non-fiabilité «Unzuverlässigkeit», auprès des autorités allemandes sont envoyés aux chantiers de construction de l’autoroute de l’Eifel. (Eifeler Reichsautobahn) 235 Le décret du 31 mars 1940 est la base légale de cette appréciation politique. Lors de la délibération de l’affaire «Alphonse Arend» fin mai 1941, ce décret est toujours en vigueur.

Luxembourg : 3 avril 1941 ; il ressort d’une lettre de ce jour du «Chef der Zivilverwaltung in Luxemburg»: «An den Direktor des Mädchenlyzeums in Esch-Alzig.  Gemäss beiliegender Verfügung beginnen die Osterferien am Donnerstag, dem 10. April, und die Pfingstferien am Sonnabend, dem 31. Mai. Die Schüler werden, die (wie) bisher, am Vortage um 10.30 Uhr entlassen, um allen auswärts wohnenden die Heimreise zu ermöglichen. Im Auftrag: gez. Lippmann.» 229   Une annotation manuscrite de distribution aux professeurs du Directeur Th. Kappest le dernier document de ce lycée où figure le nom de Théo Kerg. Il semble donc qu’à partirde l’automne 1941 Théo Kerg n’ait plus travaillé au Lycée de jeunes filles d’Esch-sur-Alzette.

Luxembourg : 27 mai 1941 ; l’affaire « Alphonse Arend » est instruite devant le conseil de discipline. Théo Kerg est entendu comme seul témoin alors que d’autres personnes encore avaient assisté à ladite réunion. (Témoignage de Nicolas Heirens, 02.02.1945). Théo Kerg doit répéter les propos qu’Alphonse Arend avait prononcés à voix basse : «Ce sont des âneries que celui-là débite». Théo Kerg souligne devant le conseil de discipline que les propos dont il s’agit n’ont pas été prononcés dans une intention malveillante. (Témoignage Théo Kerg 28.11.1945) 

L’avocat Joseph Kerschen écrira à ce sujet dans son recours du 16 novembre 1953 : « Aussi est-ce à tort que le tribunal et M. le Ministre de l’Épuration ont retenu à sa charge une dénonciation du Professeur Arend aux Allemands.

Il est à relever tout d’abord dans le libellé de la prévention que Kerg n’aurait été que complice de cette dénonciation. Le Parquet, le tribunal et M. le Ministre de l’Épuration ont donc admis implicitement que la dénonciation a été commise par un tiers inconnu, ce qui correspond à la réalité. Au dossier est versé le procès-verbal de l’enquête menée par le CdZ, Oberschulrat Lippmann. Il en résulte que la plainte resp. la dénonciation a été faite directement par le commissaire politique: «Schreiben des politischen Kommissars» … Jusqu’à présent nos tribunaux n’ont jamais fait grief à un luxembourgeois qui, devant déposer sous la foi du serment, a dit tout simplement la vérité. Pour qu’il y ait dénonciation punissable, le prévenu doit avoir spontanément relaté les faits aux autorités allemandes dans une intention méchante. Or ceci n’est nullement prouvé en l’occurrence et une dénonciation à charge de Kerg ne peut valablement exister ». 238

Luxembourg : 7 juin 1941 ; création par l’occupant d’une «Landeskulturkammer». Les membres sont regroupés en 6 secteurs professionnels : musique, arts, lettres, théâtre, film et presse (voir Paul Dostert, Die dt. Besatzungspolitik und die volksdt. Bewegung 1940-1945, Freiburg (Bg.) 1984. Luxembg. 1985). Théo Kerg devient membre de la «Kulturkammer» de Luxembourg, membre no. 1063. 241

Luxembourg : 18 juin 1941 ; l’occupant dissout l’Association des Professeurs de l’Enseignement Secondaire et Supérieur du Grand-Duché de Luxembourg (APESS). 242

Alphonse Arend est congédié définitivement le 6 août 1941. «Je fus congédié définitivement le 6 août 1941. Au courant du mois de septembre 1941, je dus me rendre à Wittlich et j’y fus versé dans une colonne disciplinaire. Je dus exécuter de lourds travaux de réfection de routes. Deux mois plus tard, je trouvai du travail chez le «Landrat» à Prüm, où je restais jusqu’en août 1944. Je fus alors astreint aux travaux aux fortifications. Je réussis à m’évader avec d’autres déportés et à franchir la frontière du Grand-Duché » (Alphonse Arend, interrogatoire du 26.06.1945 par Nicolas Grass, Maréchal des Logis-chef de la station de Luxembourg.Extrait du dossier d’accusation du tribunal sommaire du 14.12.1948). (Concernant le chantier«Strabag» près de Wittlich, lire l’article de Tony Jungblut dans le Escher Tageblatt du 11.5.1946 intitulé : Parteigenosse Sulzer). 

Luxembourg : 13 août 1941 ; dans une lettre de l’administration allemande du 13 août 1941 adressée au «Besoldungsbüro, Haus Arbed, Hier», figurent onze noms de Professeurs dont «Arendt Alfons, Professor an der Industrieschule in Esch-Alzig». Un certain Wagner écrit: «Auf Grund des §1 der Verordnung über Massnahmen auf dem Gebiet des Beamtenrechts vom 31.3.41 sind folgende Lehrkräfte der höheren Schulen mit Wirkung vom 1.9.1941 ohne Dienstbezüge vom Dienst enthoben worden.» Suivent les onze noms des Professeurs. Puis il continue: «Ich ersuche, das Nötige zu veranlassen, damit die Auszahlung der Dienstbezüge dieser Lehrer mit Ende des Monats August 1941 eingestellt wird239

Luxembourg : 12 septembre 1941 ; dans une lettre à la «Zivilverwaltung» Théo Kerg réclame que son salaire versé n’est pas conforme au salaire de 282,47 RM, annoncé dans la lettre du 28.3.1941 de la «Zivilverwaltung». 244

Luxembourg: 3 octobre 1941 ; lettre de la «Zivilverwaltung» à Théo Kerg l’informant que le salaire versé est un salaire net. Les impôts sont déjà retenus. 245

Luxembourg : 10 octobre 1941 ; le recensement, camouflé en référendum dans lequel les Luxem-bourgeois doivent reconnaître leur appartenance au peuple allemand, est aboli par l’occupant. Il voit peu de chance pour que le stratagème réussisse, la résistance ayant informé la population. 246

Luxembourg / Esch-sur-Alzette : octobre 12-19 1941 ; Théo Kerg, Foni Tissen et d’autres collègues professeurs (25 au total) doivent participer à un voyage culturel pour artistes qui les mène à Würzburg, Munich, Salzbourg, Düsseldorf (et Cologne). Ce voyage culturel de propagande est organisé par l’occupant afin que les artistes luxembourgeois se familiarisent avec l’art allemand et afin qu’ils créent une amicale des créateurs ayant leur lieu de rencontre dans une maison d’artistes. 247 (Photos aux ATK)

A leur retour, Théo Kerg et Foni Tissen font l’école buissonnière. Les réactions du directeur Dotzenrath et du représentant du chef de la CdZ, Lippmann, ne se font pas attendre et des mesures contre les deux professeurs sont prises. 248

Luxembourg : le 4, 5, et 6 novembre 1941 ; l’occupant allemand renforce son régime de terreur en déportant 1500 personnes, en trois jours, vers les camps de concentration en Allemagne.

Luxembourg : novembre 1941 ; Théo Kerg offre une première fois sa démission à l’« Oberschulrat » Lippmann, représentant du« Chef der Zivilverwaltung » qui, indigné, la refuse. 249

Esch-sur-Alzette : dimanche le 15 février 1942 ; les remarques répétées de l’occupant sur les conceptions artistiques de Théo Kerg ont créé une tension entre Théo Kerg et son directeur Dotzenrath. Cette relation tendue se décharge un jour du début de février, dans une forte altercation. Se sentant menacé de déportation par l’occupant, Théo Kerg décide alors d’écrire, ce dimanche 15 février, une lettre de diversion à son directeur. Il fait croire à l’occupant qu’il épouse ses idées et qu’il est intéressé au poste politique de Kunstwart. Cette lettre n’aura aucune suite du côté allemand, mais lui épargnera quand même la déportation vers l’Allemagne. Il ressort de cette lettre que Théo Kerg n’est pas membre du parti NSDAP. Il n’existe, à ce jour, aucun document allemand attestant que Théo Kerg ait été Kunstwart pendant l’occupation allemande. 251 

Après le départ de l’occupant, cette lettre pèsera lourd dans le dossier « d’incivisme » de Théo Kerg pendant la période d’occupation 1940-1944. Ce dossier sera constitué par d’anciens collègues professeurs de Théo Kerg respectivement d’Esch-sur-Alzette et de Luxembourg et servira principalement comme chef de prévention pour la «procédure sommaire» du 14 décembre 1948.

Luxembourg: du 16 au 22 août 1942 ; Théo Kerg doit participer à un séminaire pour les «Kreissachbearbeiter für Kunsterziehung». 257

Luxembourg : 30 août 1942 ; l’occupant introduit l’obligation du service militaire pour les jeunes hommes luxembourgeois. 258

Esch-sur-Alzette : du 31 août au 6 septembre 1942 ; à partir du lundi 31 août, des grèves éclatent dans tout le pays pour protester contre le service militaire obligatoire de l’occupant. Beaucoup d’élèves de l’École Industrielle et Commerciale d’Esch-sur-Alzette se joignent à la grève. L’État d’exception est décrété. Dans le cadre de la « Brandwache» Théo Kerg est chargé d’être présent la nuit à l’École Industrielle et Commerciale d’Esch-sur-Alzette le lundi 31 août, le mardi 1er et le mercredi 2 septembre. Théo Kerg est écœuré par les représailles de l’occupant contre les étudiants.

Luxembourg : dimanche 6 septembre 1942 ; Théo Kerg écrit une lettre de protestation à l’«Oberschulrat» Lippmann de la CdZ (Chef der Zivilverwaltung) contre le comportement du Directeur Dotzenrath de l’École Industrielle et Commerciale d’Esch-sur-Alzette (Oberschule für Jungen) pendant la grève des étudiants entre le 31 août 1942 et le 6 septembre 1942. Suite aux agissements du directeur Dotzenrat, 94 étudiants de cette école sont déportés vers le château de «Stahleck», un centre de rééducation pour jeunes gens près de Coblence. Ces étudiants reviendront au pays vers le 12 décembre 1942. 259

Luxembourg : à partir du lundi 7 septembre 1942 jusqu’au 3 juillet 1943 où il remet sa troisième demande de démission, Théo Kerg cumule les périodes d’absence à son lieu de travail. En tout, 8 mois sur cette période de 10 mois. Il motive son absence par des certificats médicaux. Son absence répétée perturbe ainsi le plan d’études de son directeur. 260

Luxembourg : suite à sa lettre de protestation du 6 septembre 1942, Théo Kerg perd une partie de son salaire pendant un certain temps. 261

Luxembourg : 9 septembre 1942 ; L’État d’exception est levé dans tout le pays. 262

Esch-sur-Alzette : 12 septembre 1942 ; Théo Kerg doit écrire un rapport à L. Thoss, «Kreisleiter des DLBL», concernant le «Lehrgang für Kunsterziehung in Luxemburg» qui s’est tenu à Luxembourg du 17 au 22 août. 26

Esch-sur-Alzette : 18 septembre 1942 ; le nom du professeur de dessin Théo Kerg figure parmi une liste de 10 personnes du personnel enseignant de « l’Industrie und Handelsschule Esch-Alzig» devant être déportées vers l’Allemagne. La liste en question No. 147 «Betrifft Vorschläge zur Umsiedlung von Lehrkräften» a été établie par le directeur Dr. Dotzenrath du même établissement264. «L’administration allemande serait-elle prête à déporter leur «Kreispropagandaleiter» d’Esch-sur-Alzette ?»

Luxembourg : 16 octobre 1942 ; le nom du professeur de dessin Théo Kerg figure également sur une liste de 60 personnes du personnel enseignant du Grand-Duché de Luxembourg devant être déportées vers l’Allemagne. Six d’entre elles, dont Théo Kerg, sont prévues d’être déportées (umgesiedelt) vers l’Allemagne centrale (Mitteldeutschland). Cette liste a été établie par le «Chef der Zivilverwaltung in Luxemburg» pour le «Reichsminister für Wissenschaft, Erziehung und Volksbildung, Herrn Oberschulrat Bittner, Berlin W8, Unter den Linden 69». 265 L’administration allemande serait-elle prête à déporter leur «Kunstwart» d’Esch-sur-Alzette ?

Luxembourg : 30 octobre 1942 ; Théo Kerg ne figure pas sur la liste des neuf enseignants luxembourgeois pro-allemands, que l’Oberschulrat Lippmann signale au «Gaustabamt» de Coblence après les agitations de la grève générale du début septembre 1942. 266

Esch-sur-Alzette: 7 novembre 1942 ; le Directeur Dotzenrath répond à une lettre, du 6 novembre 1942, de Théo Kerg, dans laquelle ce dernier annonce, avec un nouveau certificat médical à l’appui, une absence à son lieu de travail. Le directeur reproche à Théo Kerg son absence prolongée, vu qu’elle perturbe le plan d’études de l’école. En outre, Théo Kerg est prié d’enlever son matériel privé du petit local adjacent à la salle de dessin. 268

Luxembourg : 9 novembre 1942 ; le représentant de la CdZ écrit à Théo Kerg lui demandant le remboursement de sa bourse d’études des années 30. 269

Luxembourg : 10 avril 1943 ; Théo Kerg fait une demande écrite auprès de «l’Oberbürgermeister» pour entrer dans l’amicale des artistes (Künstlerkameradschaft).

Luxembourg : 15 avril 1943 ; Théo Kerg signe le formulaire d’adhésion pour la «Kameradschaft derKunstschaffenden im Kunstkreis Luxemburg e. V. Gesellschaft für Literatur und Kunst». Sur ce formulaire on peut lire: membre de la V.d.B. Nr. 8102 depuis le 6 septembre 1940. (Ceci est en contradiction avec le formulaire de demande d’adhésion au V.d.B. qui est daté du 27 septembre 1940.) A la demande s’il est membre de la NSDAP:il répond avec non, ce qui est correct. Ensuite, il dit qu’il est membre de la Landeskulturkammer avec le no. 1063, comme peintre – graveur et membre du Kunstkreis Esch-Alzig avec le no. 52. La commission d’admission, composée des membres Foos, Felgen et Rabinger, siégeant en date du 20 avril 1943, refuse cette demande d’adhésion. 276

Luxembourg : 7 mai 1943 ; Théo Kerg informe, par lettre, le représentant du chef de la «Zivilverwaltung» Lippmann qu’il a déménagé d’Esch-sur-Alzette vers Luxembourg-Ville. Théo Kerg n’a pas l’autorisation obligatoire de l’occupant pour changer de domicile, mais il déménage quand même. Cette infraction lui vaut une lettre de la CdZ datée du 11 mai lui demandant une justification pour son déménagement.277 Le 14 mai 1943, Théo Kerg envoie la lettre de justification à la CdZ. 278

Luxembourg : 3 juillet 1943 ; Théo Kerg introduit, avec l’aide de son directeur Paul Staar (1890-1950), sa troisième demande de démission de son poste de professeur de dessin. Cette démission est acceptée par l’occupant. Le certificat de licenciement «Entlassungsurkunde» est signé par le Dr. Dronsch le 3.8.1943 et prend effet le 1er octobre 1943. 280

(Rappel de la carrière de Théo Kerg dans l’enseignement secondaire. Périodes de stage : du 14 octobre 1933 au 26 janvier 1934 et du 11 novembre 1936 au 16 juin 1938 ; aspirant- professeur de dessin du 17 juin 1938 jusqu’au 28 février 1941 ; professeur de dessin du 1er mars 1941 jusqu’au 3 juillet 1943, date de sa démission écrite). 

Luxembourg : janvier 1944 ; le manque de revenu régulier se fait sentir chez Théo Kerg. Il décide de faire des lithographies des plus belles vues de la ville de Luxembourg. Il donne à ce travail important le titre «Das schöne Luxemburg»qui comprend environ 49 lithos. La diffusion doit se faire par la maison d’édition Eug. Hoffman s.à r.l. 74, Grand’rue. 287

Luxembourg : 3 mars 1944 ; Théo Kerg demande, par lettre de ce jour, l’autorisation d’imprimer les lithographies de la série «Das schöne Luxemburg». L’accord est donné à Théo Kerg, par lettre du 29 mars 1944, par le président de la «Landeskulturkammer», mais retiré de suite. Théo Kerg continue quand même à imprimer la série, mais clandestinement. 288

Luxembourg : 30 / 31 mars 1944. Théo Kerg est évincé de la «Landeskulturkammer ». Les 56 oeuvres du catalogue (3 tableaux, 2 dessins, 51 lithos) sont décrochées des cimaises du «Kunsthaus Luxemburg» où doit se tenir la première « Frühjahrsausstellung moselländischer Künstler » du2 avril – 7 mai. La série des lithos «Das schöne Luxemburg» (41 pièces) ne sera, par la suite, jamais montrée en public. Kerg apprend, de la bouche du membre du Jury Hans Sprung, la raisonde son éviction : sa position politique et artistique, son opposition et sa manière de peindrequalifiée, par l’occupant, de trop «jüdisch-westisch-französelnd».

Dans le journal « Tageblatt » du 1/2 avril 1944, la journaliste Kate Comparini-Martin publie un premier article sur cette exposition qui est illustrée par une photo d’un tableau de Théo Kerg qui s’intitule : «Im Grund». Dans le texte on trouve la phrase suivante: «Die Fülle der zeichnerischen vollkommenen Lithos von Théo Kerg könnte die diesmalige Überraschung sein… Von den wenigen Gemälden die uns der Künstler diesmal vorlegt steht «Im Grund» als ein in Komposition und Farbverteilung zu den besten Werken der Schau zählende da.» Dans le Tageblatt du 6 avril 1944, Kate Comparini-Martin refait une deuxième critique de la même exposition où Théo Kerg est, cette fois-ci, absentDans une critique du 15/16.04.1944 Jan Peters écrit: «Durchhalten!» das muß die Parole sein – auch für Théo Kerg, der in dieser Ausstellung nicht vertreten ist ». 291

Luxembourg : 20 juin 1944. Théo Kerg, son épouse Catherine Vaccaroli et ses deux enfants Vanna et Carlo, déménagent, de Luxembourg à Bivels, petit village situé près de Vianden, dans le nord-est du Luxembourg. 293

Bivels/Vianden : 24 août 1944. Théo Kerg achète une vache et un veau pour 560 Reichsmark dans le village voisin. 294 Ceci pour avoir tous les jours du lait pour ces deux enfants.

Luxembourg : 31 août/ 1er septembre 1944. 10.000 collaborateurs et fonctionnaires allemands quittent le Luxembourg, fuyant les Alliés.  295

Luxembourg : 9 septembre 1944, vers midi, les libérateurs américains entrent sur le territoire luxembourgeois par Pétange. Le lendemain, ils libèrent la ville de Luxembourg.  297 Le Prince Félix et le Prince Jean arrivent pendant la journée du 10 septembre. 298

Luxembourg : 9 septembre 1944 ; vers 16 heures 30, le reste de l’Administration allemande, avec le Gauleiter Gustav Simon, quitte le territoire du Grand-Duché de Luxembourg  296

Luxembourg : 12 septembre 1944. 90 pour cent du territoire du Grand- Duché de Luxembourg sont libérés par les Alliés. Les régions frontalières sont considérées comme une sorte de «no man’s land» et sont «inhabitables». 299 Théo Kerg habite à ce moment, dans une de ces zones frontalières, dites inhabitables. C’est le village de Bivels qui fait frontière avec l’Allemagne.

Bivels : 12 septembre 1944. Théo Kerg est occupé avec le fauchage du regain le long du chemin Grauenstein-Vianden. Mademoiselle Canivé lui donne un coup de main. Tout à coup, apparaissent deux soldats américains suivis de deux jeeps. Théo Kerg et Mademoiselle Canivé vont à leur rencontre et Théo Kerg leur adresse la parole dans leur langue maternelle. De suite, les soldats américains sollicitent des renseignements sur Vianden, sur le chemin à prendre et sur le nombre de soldats allemands. Théo Kerg leur donne les renseignements qu’il est en mesure de leur donner. Ensuite, il leur propose de les accompagner jusqu’au village de Bivels. Les habitants de Bivels sont étonnés de voir arriver Théo Kerg assis sur le capot d’une Jeep américaine. Théo Kerg écrit dans le « Bericht » du 20.11.1944, que depuis l’hiver 43, il est membre de la LRL. 300

A Bivels / Vianden, au petit jour du 14 septembre 1944, Théo Kerg quitte le village de Bivels pour se rendre, à bicyclette à Vianden, pour donner des informations aux soldats américains concernant les troupes allemandes. En arrivant à Vianden, Théo Kerg est arrêté par 3 miliciens armés : «Antoine Werthesen, le garçon coiffeur,René Weis dit «Wolles René» et Mischi Schneiders dit «Puppches Mischi», qui est le fils d’une veuve».301 Ils s’emparent de son vélo et amènent Théo Kerg au château de Vianden. Cette arrestation est donc le fruit d’un pur hasard.

Après quelques heures d’attente et de discussion au château, le chef de la milice de Vianden, Vic Abens et les membres de l’Union Wiroth et Hinger transportent Théo Kerg à Diekirch dans le local de l’Union, puis à la prison de Diekirch en déclarant, à l’arrivée, comme motif de son incarcération : «Ici je vous apporte le professeur Théo Kerg. Les Américains le trouvent louche.Son directeur est en prison à cause de lui». Selon Théo Kerg, aucun de ses anciens directeurs, (Paul Thibeau, Théodore Kapp, Nik. Heirens, D. Dotzenrath, Melle Metz et Paul Staar) sous lesquels il a travaillé, n’a été en prison.  302

Au début, c’est une incarcération préventive qui, cependant, en passant par le camp de «Glyco» (qui se trouve alors à l’entrée de Diekirch en venant d’Ettelbruck), va se prolonger à la prison du Grund à Luxembourg, à partir du 7 novembre, sans aucun jugement. Cette incarcération, basée sur un mensonge,illégale et sans jugement, durera quand même 15 mois, du 14 septembre 1944 au 7 janvier 1946. Pendant le mois de décembre1945, Théo Kerg est passagèrement transféré au centre de rétention de Givenich / Luxembourg.

Luxembourg : 14 septembre 1944. Le même jour que l’arrestation de Théo Kerg, est publiée, au Mémorial no.2 du jeudi 14 septembre, l’ordonnance suivante, signée par le Major G. Schommer 302, Chef de la Mission pour les Affaires Civiles du Gouvernement grand-ducal.

«Vu les arrêtés grand-ducaux des 26 juillet 1944, concernant l’état de siège et donnant force obligatoire aux ordonnances du Commandement en Chef des Armées alliées, en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, j’ordonne : 
I. Aucune arrestation ni aucune perquisition ne pourront être exécutées sans mandat dûment signé par le major Schommer ou le major Ensch, chargé des services de la Sûreté nationale, et agissant au nom du Commandement suprême interallié et du Gouvernement grand-ducal.
II. Toute infraction aux dispositions de la présente ordonnance sera punie conformément aux dispositions de la loi. Luxembourg, le 12 septembre 1944 » (Mémorial no. 2 du jeudi 14 septembre1944) Jusqu’à ce jour aucun mandat de ce genre concernant l’arrestation de Théo Kerg n’a été trouvé dans les archives de l’ANLux. L’arrestation et l’incarcération de Théo Kerg seraient alors illégales.

Luxembourg : 23 septembre 1944 ; retour du Gouvernement d’exil à Londres. Il reprend les affaires courantes de l’État. Entre le 10.9.44 et le 23.9.44, « le calme et l’ordre » ont été maintenus par les Forces de la Résistance de l’Union.

A partir du 23 septembre 1944, les « Civil Affairs » américaines, avec le concours du gouvernement luxembourgeois revenu d’exil, s’efforcent de rendre une vie normale possible dans les villes et villages luxembourgeois.  304Cependant, des luttes de pouvoir avec l’Union persistent et dureront un certain temps.

Luxembourg/Diekirch : 7 novembre 1944 ; Théo Kerg est transféré du centre de rétention « Glyco » de Diekirch (hall industriel servant provisoirement à l’internement des prisonniers), à la prison du Grund.

Luxembourg : 20 novembre 1944 ; au centre pénitentiaire du Grund, Théo Kerg rédige un rapport sur ses activités de 1940-1944.  306

Luxembourg : 24 novembre 1944 ; l’avocate de Théo Kerg, Netty Probst, place du St Esprit Luxembourg, écrit à l’épouse de Théo Kerg qu’elle nécessite d’urgence le rapport détaillé du 20.11.44 de son mari, rapport que celui-ci a fait parvenir à Monsieur Eugène Moseler*, 47 rue de Longwy, Luxembourg. Ce dernier est un frère de la même loge que Théo Kerg.

Il ressort de cette lettre que Théo Kerg a été membre de la V.d.B., qu’il n’a jamais été ni membre ni « Anwärter » de la NSDAP et qu’il n’a jamais porté l’uniforme de cette formation politique nazie. Il en ressort également que Théo Kerg ignore encore ce jour-là, pourquoi il a été arrêté par trois membres de la milice de Vianden. Il paraît qu’au moment de son arrestation, il a été insinué, par Victor Ahrens (Abens), membre de l’Union, que c’était par la faute de Théo Kerg qu’un de ses directeurs avait été emprisonné sous l’occupation allemande. 307 (Aucun directeur de l’enseignement secondaire du Luxembourg n’a été en prison).

Luxembourg : 26 novembre 1944 ; l’avocate de Théo Kerg, Netty Probst, écrit une demande au Ministre de la Justice que la mise en liberté de Théo Kerg des Établissements Pénitentiaires du Luxembourg-Grund soit ordonnée. Elle joint à la lettre le rapport détaillé de Théo Kerg, du 20 novembre 1944 sur ses activités du 10.5.1940 au 10.9.1944.  308

Bivels/Vianden: 16 décembre 1944 ; à partir de 5h30 du matin, la bataille des Ardennes, appelée «Gerd von Runstedt (1875-1953)-Offensive», traverse cette région. Elle durera jusqu’au 12 février 1945. La maison de Théo Kerg, à Bivels, se trouve au croisement de l’Iweschtgaass avec la Dittegaass, à 125 m non loin du bois appelé «Kammerwald», situé en territoire allemand. Au moment du déclenchement des hostilités, des troupes allemandes sortent de ce bois et prennent part à l’offensive. Déserte, la maison du couple Kerg est fortement endommagée, pillée et devient, à la fin, inhabitable. Plus tard, Théo Kerg et sa femme Catherine Vaccaroli, qui est de nationalité italienne, ne reçoivent pas de dommages de guerre de l’État luxembourgeois.

Luxembourg et Esch-sur-Alzette : 2 février 1945 ; cinq mois après l’arrestation de Théo Kerg, des anciens collègues professeurs, regroupés dans l’APESS, apprenant que Théo Kerg est en captivité à la maison d’arrêt du «Grund», constituent un dossier sur son soi-disant «incivisme» durant la période d’occupation 1940-1944. Ce dossier,constitué d’une vingtaine de reproches ou d’accusations,servira principalement de chef d’accusation dans la «procédure sommaire» du 14 décembre 1948, ainsi qu’à l’enquête concernant l’épuration de la vie artistique et littéraire, instaurée par l’arrêté grand-ducal du 13 août 1945.

Luxembourg : 13 février 1945 ; avec la Libération de Vianden, annoncée le mercredi 13 Février 1945, le Grand-Duché est maintenant pratiquement libre de l’ennemi.  310

Luxembourg : 1 er avril 1945 ; au centre pénitencier du « Grund », Théo Kerg rédige un deuxième rapport sur ses activités du 10.5.1940. au 10.9.1944.

Luxembourg en 1945 ; M. Pierre Frieden (1892-1959) est Ministre de l’Instruction publique dans le Gouvernement du 23 novembre 1944 au 23 février 1945. Puis Ministre de l’Éducation Nationale, des Cultes, des Arts et Sciences dans le Gouvernement du 23 février 1945 au 21 avril 1945. Il garde la même fonction dans le Gouvernement du 21 avril 1945 au 14 novembre 1945. 312   Suivant la chronique APESS 100 ans, parue en 2006, M. Pierre Frieden a été président de l’APESS de 1936-1945.

Luxembourg: 9 avril 1945 ; il ressort d’une lettre de ce jour du Ministre de l’Instruction publique Pierre Frieden au Ministre de l’Épuration Robert Als, qu’il a remis au service gouvernemental de l’Épuration huit dossiers des membres du personnel de l’enseignement moyen et professionnel, dont celui de Kerg Théo, professeur de dessin à l’École industrielle et commerciale d’Esch-sur-Alzette. 313Le dossier Kerg a été constitué par les membres de l’APESS (l’Association des professeurs de l’Enseignement Secondaire et Supérieur).314 Le dépôt de ce dossier, qui porte le no.1197, précède de quatre mois la création de la 10Commission d’enquête d’épuration de la vie artistique et littéraire, créée par le Ministre de l’Épuration Robert Als par Arrêté ministériel du 13 août 1945. La raison pour laquelle le dossier Kerg a été déposé au Ministère de l’Épuration, avant même la création de la 10e Commission d’enquête d’épuration, reste inconnue.

Luxembourg : 14 avril 1945 ; la Grande-Duchesse Charlotte rentre de l’exil.

Luxembourg : 18 avril 1945 ; depuis la maison d’arrêt du Grund, Théo Kerg écrit un message clandestin (Kassiber) à sa femme, l’informant que dans les années 1934-1937 il a essayé, avec l’étudiant en droit Henri Koch-(Kent) et le journaliste Evy Friederich, de déranger à diverses reprises les réunions nazies sur la place du Glacis à Luxembourg (Schuebermessplaatz) (salle de réunion du café «Trianon»). 315

Luxembourg : 10 juin 1945 ; Théo Kerg écrit une lettre au Ministre de l’Intérieur et de l’Épuration Robert Als lui demandant que son cas soit jugé et qu’il soit renvoyé à l’Office National du Travail afin qu’il puisse aller travailler en qualité d’ouvrier agricole pour aider ainsi modestement au relèvement du pays et pour subvenir aux besoins matériels de sa famille.  316

Luxembourg : 14 juin 1945 ; le nouveau Ministre de l’Épuration Robert Als déclare devant l’Assemblée consultative: «Messieurs, j’ai la douloureuse impression que nous nous perdrons dans des discussions stériles, hautement préjudiciables à l’intérêt du pays, et à son prestige auprès des Nations alliées, si nous ne nous arrachons pas de force à ce complexe paralysant de la VdB qui empoisonne nos esprits et nos cœurs. »  310

Luxembourg : 13 août ; par Arrêté ministériel du 13 août 1945, une 10e Commission d’enquête, celle de l’épuration de la vie artistique et littéraire, est nommée par le Ministre de l’Épuration Robert Als. (Mémorial 42 du 23.8.1945, page 477). Sont nommés membres :

  • Calmes Chrétien, avocat à Luxembourg, président,
  • Eichhorn Paul, attaché au Ministère de la Justice à Luxembourg, vice-président,
  • Muller Emile Joseph, employé aux Assurances Sociales à Luxembg., membre-secrétaire,
  • Wercollier Lucien, sculpteur à Luxembourg,
  • Unden Lily, artiste-peintre à Luxembourg,
  • Schmit Georges, secrétaire général au Musée à Luxembourg,
  • Marx Emile, journaliste à Luxembourg,
  • Grégoire Pierre, journaliste à Luxembourg,
  • Biermann Pierre, professeur à Luxembourg,
  • L’abbé Schmit Jean-Pierre, à Luxembourg,
  • Hommel Marcel, pianiste à Luxembourg,
  • Pauké Venant, artiste lyrique à Luxembourg,

Sont nommés membres suppléants:

  • Engel Marcel, professeur à Canach,
  • Hoffmann Emile, musicien à Osweiler,
  • Jungblut Victor, artiste-peintre à Remich,

Luxembourg 1945 : pendant sa captivité à la maison d’arrêt du « Grund » Théo Kerg essaie de trouver de l’aide auprès de certains frères de la loge en leur faisant parvenir des messages clandestins écrits (Kassiber). Hélas, en vain. Pendant sa captivité, Théo Kerg est rayé de la liste de ses frères par une commission interne de la loge.  319

Luxembourg : 28 novembre 1945 ; à la prison du Grund, Théo Kerg est entendu, pour la première fois, par le Substitut Heiderscheid, soit plus de 14 mois après son arrestation. N’ayant pas de dossier, ce dernier interroge Théo Kerg sur la raison de sa captivité. Malheureusement, ce dernier ne la connait pas non plus. 321

Luxembourg : du 29 novembre 1945 au 30 avril 1946 ; procès public contre le fameux acteur René Deltgen, à qui on reproche d’avoir agi en faveur de l’occupant. Pendant son procès public de 5 mois, René Deltgen est incarcéré à la prison du Grund. Malgré sa condamnation à deux ans de prison, René Deltgen est vite remis en liberté. Déjà en septembre 1946, soit 5 mois après la fin de son procès, il joue de nouveau sur les planches du théâtre de Konstanz / Allemagne. 322

Givenich/Luxembourg : décembre 1945 ; Théo Kerg est passagèrement transféré au centre de rétention de Givenich. Ce transfert à la campagne est un soulagement passager pour Théo Kerg.

Luxembourg : 3 janvier 1946; Maître Netty Probst de Luxembourg, l’avocate de Théo Kerg, informe l’épouse de Théo Kerg que le Procureur est d’accord (bien que le Président du tribunal ait rejeté la demande de libération provisoire de Théo Kerg) de libérer Théo Kerg sous condition qu’il soit astreint à la reconstruction du pays. Étant donné que toutes les formalités sont déjà remplies, Théo Kerg sera libéré dans les premiers jours.  323

Luxembourg : 7 janvier 1946 ; il ressort du certificat de libération du centre pénitentiaire de Luxembourg, que Théo Kerg est libéré après 426 jours de détention préventive par ordonnance du Procureur. Le prévenu doit se présenter à tous les actes de la procédure et se tenir à la disposition pour l’exécution du jugement.  324

Ettelbrück / Diekirch : du 8 janvier – 20 septembre 1946 ; Théo Kerg doit travailler dans la reconstruction à Diekirch avec interdiction de séjour à Esch-Alzette et à Luxembourg. Il travaille auprès de l’entreprise de peinture Frank Steffen, Diekirch, du 15 janvier au 28 août. Théo Kerg habite du 7.1.1946 – 21.2.1946 à Ettelbrück, puis à Diekirch 19, rue de la Croix, Après avoir reçu son passeport, Théo Kerg quittera le Luxemburg le 21 septembre.  325

Diekirch : 12 février 1946 ; il ressort d’une lettre manuscrite de Théo Kerg, de ce jour, à un certain Monsieur Wolff, que Théo Kerg se trouve à l’hôpital de Diekirch.

Diekirch : 19 mars 1946 ; il ressort d’une lettre de Théo Kerg à un certain Mausen, qu’il se trouve toujours à l’hôpital Sacré Coeur de Diekirch.

Luxembourg : 31 mars 1946 ; les avocats du barreau de Luxembourg restés en fonction jusqu’à la libération, publient un fascicule intitulé «In propria causa» avec le sous-titre «Histoire d’une épuration». Sans approfondir la question de l’épuration politique en général, ces avocats ont essayé d’y dévoiler un excès regrettable, surgi après la libération, faute de directives générales justes, équitables et conformes à l’intérêt du pays.  326 Dix-huit mois après la libération, ils «constatent un malaise profond qui règne dans tout le pays et l’atmosphère générale est saturée de miasmes malsains. La presse est unanime àdénoncer comme une des principales causes de ce malaise la gangrène de l’épuration qui…défraye toutes les conversations ».  327

Dans son discours du 28.9.1944, prononcé à la radio, le chef du Gouvernement lui-même avait solennellement confirmé le point de vue gouvernemental : « …le simple fait de l’adhésion à la VdB ne devait, aux yeux du gouvernement, pas être retenu à charge d’un citoyen ».  328

Devant la Haute Cour Interalliée de Nuremberg, le Gouvernement du Luxembourg déclare : «L’entrée dans la V.d.B. fut imposée à nos populations par un système de menaces et de terreur inouï dans l’histoire.»  329

Diekirch : 8 avril 1946 ; il ressort d’une attestation de l’Administration communale de Putscheid, présentée ce jour au Commissariat de Diekirch, que Monsieur Théo Kerg a résidé à Bivels, que sa maison a été détruite en hiver 44/45 et qu’il est à considérer comme sinistré de guerre. 330

Luxembourg : mercredi 17 avril 1946 ; publication au Mémorial, de ce jour, de la Loi du 6 avril portant réglementation de la procédure applicable en matières de crime et délits contre la sûreté extérieure de l’État et contre la sécurité des armées alliées sur le territoire du Grand-Duché :

I. Procédure ordinaire, II. Procédure sommaire. La chambre du Conseil est composée d’un juge président et de deux assesseurs laïques (Art. 18) En cas d’aveu de culpabilité et de soumission aux conclusions du ministère public, le jugement sommaire à intervenir ne sera susceptible d’aucune voie de recours (Art. 22). Faute de moyens financiers et pour se soustraire àl’acharnement de l’APESS, Théo Kerg signera les conclusions le 14 décembre 1948.

Diekirch, 5 mai1946 ; sur une facture de l’Hôpital Sacré Coeur de Diekirch à Théo Kerg, on peut lire: « Frais de séjour du mois d’avril 1946: 712 fr., communication téléphonique comprise,pour acquit le 6 mai 1946.» 331

Diekirch : 31 mai 1946   ; sur une quittance de l’Hôpital Sacré Coeur on peut lire: «Du 1.5 au 31.5.1946 = 6 jours plus divers repas pour 308 fr. 332

1946 Diekirch : 27 juin 1946 ; dans le cadre de l’Épuration de la vie artistique et littéraire, le Gouvernement a lancé une enquête qui est définie par l’Arrêté grand-ducal du 13.8.1945 (Mémorial page 472). Théo Kerg remplit le questionnaire de renseignements, qui s’étend sur 6 pages et contient 25 questions, et l’envoie, le même jour, au Ministère de l’Épuration.  333

Diekirch : 14 juillet 1946 ; Théo Kerg écrit à l’ambassadeur du Brésil, à Anvers, qu’il a l’intention de se fixer au Brésil pour y travailler.  335

Sprinkange / Luxembourg : 8 juillet au 14 juillet 1946 ; Théo Kerg reçoit temporairement congé de l’astreinte de travail au service de la reconstruction du pays. Il passe son congé avec sa famille, à la campagne, auprès de la famille Kirsch de Sprinkange. Sa femme et ses deux enfants y séjournent du 8 au 25 juillet. 336

Ettelbruck : 21 juillet 1946 ; il ressort d’un certificat médical établi par le docteur Jean Nickels, chirurgien d’Ettelbruck : « Monsieur Théo Kerg, né le 2.6.1909 à Niederkorn (Luxembourg) a été examiné par nous aujourd’hui. Il ne présente aucune tare, déficience ou vice organique. Il est parfaitement sain d’esprit. Une radioscopie du thorax n’a pas montré de signes pathologiques ». Le certificat porte le cachet du vice-consulat du Venezuela à Anvers. 338

Luxembourg : 22 juillet 1946 ; le casier judiciaire de Théo Kerg au Grand-Duché de Luxembourg est vierge. (Extrait no.10446/46 aux ATK)

Diekirch : 30 juillet 1946 ; il ressort d’une carte postale, du 30 juillet, du Ministère de la Justice, que Théo Kerg a fait une demande écrite de 6 pages, le 27.07.46, pour recevoir un passeport. La demande a été transmise, ce jour, au Procureur général de l’État.  341

Diekirch : 2 août 1946 ; sur une quittance de l’Hôpital Sacré Coeur on peut lire: «Reçu de la part de Mr. Kerg la somme de 488 fr. pour frais de séjour du mois de juillet 1946. » 342

Luxembourg : 29 août 1946. Théo Kerg reçoit un nouveau passeport, établi par le Ministère des Affaires Étrangères, sous le numéro A023627, valable jusqu’au 28.8.1947. Le passeport est remis à Théo Kerg afin qu’il puisse émigrer vers le Venezuela. Cette émigration est apparemment un arrangement entre le pouvoir politique en place et Théo Kerg. Un retour est envisagé après plusieurs années. Cependant, une fois à Paris, Théo Kerg ne respecte plus cet arrangement. Il n’y a pas de document relatif à cet arrangement, mais il existe certaines pièces qui confirment l’intention de Théo Kerg d’émigrer.

Anvers : 5 septembre 1946. Il ressort d’un papier officiel du Venezuela, établi par le Vice-consul du Venezuela à Anvers, que le ressortissant luxembourgeois Théo Kerg, muni du passeport A023627, du 29 août 1946, a fait une demande d’émigrer vers Caracas, pour y résider indéfiniment. 345

Amsterdam : 5 septembre 1946. Il ressort d’un papier de la Koninklijke Nederlandse Stoomboot-Maatschappij n.v., que Théo Kerg a fait une demande de transport par bateau vers le port de La Guaira au Venezuela.  346

Luxembourg : 21 septembre 1946. Théo Kerg quitte le Luxembourg en toute liberté, sans avoir été jugé, après avoir passé presque 15 mois en captivité et 8 mois astreint au service de travail pour la reconstruction du pays.  347

Paris : 21 septembre 1946. Théo Kerg arrive à Paris, carte de séjour de résident originaire : No. 47-AG40467.

Paris : fin 1946 – début 1947 ; afin de vivre, Théo Kerg fait toute une série de démarches pour trouver un travail de « décorateur de bonbonnières et de publications».

Luxembourg : 10 octobre 1947. La 10e commission d’enquête en matière d’épuration de la vie artistique et littéraire est réunie, ce jour, pour apprécier le dossier de «Mr. Théo Kerg, peintre,actuellement sans domicile ni résidence connus.» Étaient présents : MM. Calmes, président, Muller, secrétaire, Hommel, J.P. Schmit, Wercollier.  352

Luxembourg : 1er décembre 1947. Le Ministre de l’Épuration, 17 rue du Nord, adopte les motifs de l’avis de la 10e Commission d’enquête en matière d’épuration de la vie artistique et littéraire qui a siégé en date du 10 octobre 1947. «Vu le dossier d’enquête de Kerg Théo, né le 2.6.1909, artiste-peintre, demeurant à Diekirch, 19 rue de la Croix, décide «La sanction du blâme avec interdiction d’exercer publiquement son activité artistique et de donner une publicité quel conque aux œuvres provenant de cette activité pour une durée de vingt ans est prononcée à l’égard de Théo Kerg, pré-qualifié, en raison de son attitude politique durant l’occupation ennemie.»

Le Ministre de l’Épuration P. Dupong ne suit pas la proposition de la 10e commission d’enquête d’infliger une amende de 20.000 (vingt mille) francs à Théo Kerg. Ici, il faut noter que le Ministère de l’Épuration ignore toujours où habite Théo Kerg, malgré l’article, du 26.03.1947, du Journaliste ERIO au Luxemburger Wort. Théo Kerg a quitté Diekirch depuis le 21 septembre 1946.  355

Luxembourg : 8 mars 1948. L’APESS (l’Association des professeurs de l’Enseignement Secondaire et Supérieur), représentée par le président M. Paul Thibeau et le secrétaire M. Ernest Bisdorff, adresse une requête au Ministre de l’Éducation Nationale Nicolas Margue réclamant la révocation de Théo Kerg, afin de le rayer des listes du corps enseignant ; « un nom qui fait tache sur la bonne réputation duprofessorat »Cette demande est réitérée le 3 mai. Le dossier Kerg, constitué par l’APESS, a été remis par le Ministre de l’Instruction publique le 9 avril 1945 au Ministre de l’Épuration et porte le no 1197. 358La raison pour laquelle le dossier Kerg a pu dormir 3 ans dans les tiroirs du Ministère de l’Épuration sans que quelqu’un s’en inquiète, n’est pas connue.

Luxembourg : 3 mai 1948. Au nom de l’APESS, le président Paul Thibeau écrit à Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale Nicolas Margue : «Nous avons l’honneur d’attirer une nouvelle fois votre attention sur l’Épuration de TH. KERG, dont, par notre lettre du 8 mars, nous avons demandé la liquidation prompte et définitive. Or, comme il appert des renseignements de Monsieur le Ministre de l’Épuration, que vous avez bien voulu transmettre à notre président, une enquête administrative ne saurait être amorcée contre Kerg qu’après le jugement pénal qui ferait connaître les chefs d’accusations. Il nous semble que, considéré sous ce point de vue, le cas Kerg risque fort de n’être jamais tranché. Car rien ne permet à l’heure actuelle de supposer qu’un jugement pénal ne soit jamais prononcé contre lui. Relâché de prison, on ne sait guère pour quel motif, muni d’un passeport en règle, on ne sait pas davantage pour quelle raison, il est libre, et pour se soustraire aux actions éventuelles de notre Justice, il est allé habiter l’étranger. Pour nous, il nous importe surtout de savoir où en est, dans ce cas, l’action judiciaire. Y a-t-il eu non-lieu ? Sinon, qu’est-ce qu’on attend pour expédier l’affaire en y apportant une solution claire et juste ! En outre, il nous semble parfaitement possible d’amorcer une action administrative contre Kerg, sans attendre le verdict de l’Épuration judiciaire. Les indications et les témoins à charge ne manquent pas (p. ex déposition de notre président M. Thibeau au sujet de la dénonciation de Kerg contre M. A. Arend). Cette action administrative nous permettrait enfin de rayer des listes du corps enseignant un nom qui fait tache sur la bonne réputation du professorat. C’est pourquoi nous vous prions, Monsieur le Ministre, de bien vouloir saisir, une nouvelle fois, Monsieur le Ministre de l’Épuration de cette question et de lui soumettre notre point de vue ».  359

Luxembourg : 14 mai 1948. Le Ministre de l’Éducation nationale, Nicolas Margue 360, adresse une demande au Ministre de l’Épuration Pierre Dupong: «… de liquider l’action administrative contre Théo Kerg sans attendre le verdict de l’Épuration judiciaire. Les indications et les témoins à charge de Kerg ne manqueraient pas. Je me rallie à la demande de l’Association. » 361Finalement, c’est grâce à l’acharnement de l’APESS, avec beaucoup de rancœur contre le professeurde dessin Théo Kerg, que la procédure applicable en matière de crimes et délits contre la sûreté extérieure de l’Etat a lieu le 14 décembre 1948 devant un « Tribunal sommaire ».  362

Luxembourg : 22 avril (mai) 1948. Décision du Ministre de l’Épuration Pierre Dupong dans le dossier Kerg Théo (extrait) : «Vu le dossier d’enquête de Kerg Théo, né le 2.6.1909, aspirant professeur de dessin à l’École industrielle et commerciale d’Esch-sur-Alzette et artiste-peintre, actuellement sans domicile et résidence connus; Vu l’avis de la 10e Commission d’enquête chargée de l’épuration de la vie artistique et littéraire; Considérant qu’il est établi par l’enquête et les pièces versées en cause que Kerg n’a pas rempli d’une façon sincère la feuille de renseignements portant sur son attitude durant l’occupation ennemie; Considérant que Kerg ne fait plus partie du Corps enseignant luxembourgeois, mais que, pour parer à toute équivoque éventuelle, il y a lieu de l’en exclure formellement, ainsi que de tout autre service public luxembourgeois; Cette sanction emporte dans le chef de Kerg la perte de tout titre éventuel à un emploi dans un service public luxembourgeois.
La présente décision est expédiée à Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale, pour information et exécution. »

Heisdorf / Luxembourg : 6 octobre 1948. Maître Victor Biel, avocat de Théo Kerg, écrit à l’épouse de Théo Kerg :«Votre mari devra retourner au pays qu’il le veuille ou non. En effet, d’ici peu de temps, les autorités françaises vont lui retirer son passeport, s’il ne se décidait pas à venir à Luxembourg. Son affaire sera fixée dans un bref délai. Le Parquet a proposé une peine d’emprisonnement de quelques mois qu’il n’aurait cependant pas à subir étant donné qu’il en a fait plus déjà qu’on propose actuellement. Aucune amende et son passeport rendu tout de suite. Ceci sous condition qu’il accepte le jugement en procédure sommaire, ce qui aurait l’avantage d’être bref, peu connu et peu compliqué. Malheureusement, il vous serait probablement impossible de toucher dans la suite une indemnité pour dommages de Guerre. Cependant, je crois qu’en faisant de cette façon l’économie de tous les frais judiciaires, il n’y aurait pas une différence énorme. Immédiatement après le jugement, vous pourriez disposer de votre propriété près de Vianden. Si, par contre, Théo veut faire face aux débats publics, il y a des chances qu’il soit acquitté. Il m’est impossible de vous définir le pourcentage à peu près adéquat des chances en jeu ; cependant, il me semble qu’elles seraient à peu près égales. Si ces quelques lignes hâtives vous inquiétaient, je dois vous dire que vous avez tort, car je crois qu’il est préférable d’arriver maintenant à une situation nette et claire que de rester encore dans l’incertitude.»

(En novembre 1945, Maître Victor Biel était attaché au Ministère de la Justice, service des Internements, rue de la Poste à Luxembourg). 363

Luxembourg : 9 novembre 1948 ; ordonnance de la chambre du conseil de juger sommairement l’inculpé Théo Kerg. Elle ordonne sa comparution personnelle pour le 14 décembre 1948. L’ordonnance de comparution lui sera envoyée le 18 novembre 1948.

Paris : 10 décembre 1948. Assemblée générale des Nations Unies. Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. «Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendueéquitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle». (Article 10). Pendant ce temps, siège au Grand-Duché de Luxembourg le« Tribunal sommaire » institué par la loi du 6.4.1946. Ce tribunal a pour mission d’évacuer sansenquête, les affaires de peu d’importance, parfois au simple vu d’un dossier qui ne contientque des dépositions de témoins à charge.

Paris : 11 décembre 1948. Théo Kerg mène une vie d’artiste très dure à Paris avec peu de moyens financiers. Cependant, vu l’invitation du Parquet de Luxembourg, Théo Kerg doit interrompre la préparation de sa première exposition de peintures à l’huile dans une galerie parisienne dont le vernissage aura lieu au mois de mars (1949) prochain. Il est contraint de rentrer à Luxembourg pour assister au procès devant la Chambre du Conseil du Tribunal spécial en exécution d’uneprocédure sommaire. Peu d’heures avant l’audience, il peut consulter pour la première fois le dossier d’accusation.

Luxembourg : 14 décembre 1948. Théo Kerg, compare personnellement devant ce «Tribunal sommaire». Depuis sa démission du poste de professeur de dessin du 3 juillet 1943, il n’a plus de revenus réguliers et de ce fait ses moyens financiers sont très limités. Pour se défaire de tous les problèmes juridiques, pouréviter un procès avec débat public, long et onéreux comme celui de l’acteur René Deltgen, et pour se soustraire à l’acharnement de l’Association des professeurs (APESS), Théo Kerg suit les conseils de son avocat Victor Biel et accepte en bloc la proposition du Tribunal spécial en exécution d’une procédure sommaire. Une peine privative de la liberté de 10 mois (qu’il n’a pas besoin d’entamer) est proposée par le parquet avec effet rétroactif au 10.09.44. Infraction : «Atteinte à la sûreté extérieure del’État». Il peut retourner de suite à Paris pour travailler pour sa prochaine exposition, car avecson arrestation illégale de 15 mois et ses 8 mois d’astreinte au travail de la reconstruction du nord du pays, sa peine privative de liberté est déjà largement acquittée.Pour les 5 mois et 8 mois acquittés en trop, il ne reçoit ni excuses, ni dédommagement.

Le «Jugement sommaire» de Théo Kerg, du 14.12.1948, est prononcé par un tribunal composé de 3 membres, un magistrat (Eydt) et deux juges laïques (non professionnels: Lutty et Toellé); assistent un attaché du procureur (Schroeder) et un secrétaire du tribunal (Werthesen).

« Les Parquets du Grand-Duché de Luxembourg avaient ouvert en 1944 et 1945 des instructions contre environ dix mille Luxembourgeois. Deux mille affaires de peu d’importance furent renvoyées devant un tribunal spécial, dit « tribunal sommaire », institué par la loi du 6.4.1946. Ce tribunal avait pour mission de vider sans enquête les affaires de peu d’importance. Le cas de Monsieur Kerg fut liquidé par une décision du tribunal sommaire, en Chambre de Conseil, le 14.12.1948. La peine proposée par le Parquet fut un emprisonnement de dix mois. Cette peine correspondait à la détention préventive subie déjà par M. Kerg en 1945. La proposition de la peine a eu lieu sur le vu d’un dossier qui ne contenait que des dépositions de témoins à charge, dossier qui fut composé au début de l’année 1945 et dans lequel figuraient notamment certaines dépositions des anciens collègues de M. Kerg, qui avait été professeur de dessin au lycée des garçons à Esch-sur-Alzette, Grand-Duché de Luxembourg. Il fut fait grief en outre à M. Kerg d’avoir adhéré au mouvement de la “Volksdeutsche Bewegung“(…)De nombreuses adhésions à ce mouvement furent faites sous la contrainte, et beaucoup de Luxembourgeois qui avaient cédé à cette contrainte ne furent pas inquiétés. J’ajoute que contrairement à certains bruits, il résulte du dossier que M. Kerg n’a jamais eu des relations ni avec la Gestapo, ni avec une autre organisation allemande reconnue comme étant une organisation criminelle ».

Extrait du « Certificat du 7 février 1952 » de M. Victor Bodson, docteur en droit, Ministre de la Justice. Pendant les procès de Nürnberg en 1945 les alliés déclarent le NSDAP comme étant une organisation criminelle.

Luxembourg : 28 avril 1950. Le Président de la 10e Commission d’enquête administrative, M. Logelin, invite, par lettre recommandée de ce jour avec accusé de réception, M. Théo Kerg, artiste-peintre,Paris VIIe, 266, Boulevard St. Germain, Galerie de Bellechasse, de se présenter le jeudi, 8 juin crt, à 15 heures, au bureau de la Commission d’enquête administrative, 17 rue du Nord, à Luxembourg, IIe étage, pour y être entendu sur 15 points d’accusation de son soit-disant incivisme  pendant l’occupation  allemande. L’inspection du dossier d’enquête administrative pourra se faire à partir du 25 mai au 3 juin.  371 Théo Kerg ne se présentera pas à la date demandée. Il habite à ce moment au 266, Boulevard St. Germain, au-dessus de la Galerie Bellechasse.

Luxembourg : 27 juin 1950. La 10e Commission d’enquête en matière d’épuration administrative inflige à Théo Kerg, en l’absence de celui-ci, un blâme public, une amende de 20.000, frs, une interdiction d’exercer toute activité artistique ou littéraire et de donner une publicité quelconque aux œuvres provenant de cette activité pour une durée de 20 ans.

Luxembourg : 8 juillet 1950. Le Ministre de l’Épuration, M. Pierre Dupong, décide de réduire la durée d’interdiction d’exercer une activité artistique ou littéraire ou de donner une publicité quelconque aux œuvres provenant de ses activités à une durée de 12 ans, à partir du 10.9.1944. La sanction du blâme et la sanction de l’amende de 20.000 frs sont maintenues.  373

Luxembourg : 3 août 1950. Emile Reuter senior, avocat avoué à Luxembourg, 1, avenue de l’Arsenal, présente au sujet de Théo Kerg un recours au Ministre d’État, Président du Gouvernement. Il constate que la décision intervenue en matière d’épuration, en date du 8 juillet 1950, infligeant à Kerg les 3 sanctions à savoir : le blâme, une amende de 20.000 frs et l’interdiction d’exercer publiquement une activité artistique pour une durée de 12 ans, frappe Théo Kerg très durement et l’accule à une situation de misère. Il demande une remise de l’amende et une réduction sensible de la durée d’interdiction de l’exercice public de son activité artistique. De Théo Kerg il joint à ce recours un certificat de non- imposition du 26.7.1950, établi par le receveur-percepteur de la Ville de Paris.  374

Luxembourg : 2 septembre 1950. Le Ministre d’État, Président du Gouvernement, Ministre de l’Épuration écrit à Maître Emile Reuter senior, Avocat avoué à Luxembourg, qu’il est d’accord de surseoir jusqu’à nouvel avis au recouvrement de l’amende de 20.000 frs., infligée à Théo Kerg, artiste–peintre, par la décision du 8 juillet 1950, eu égard à la situation matérielle précaire de l’intéressé. Une lettre avec la même demande est envoyée, le même jour, au Ministre des Finances. Par lettre du 14 février 1954, du Ministre de l’Épuration, la demande de recouvrement des 20.000 frs, au Ministre des Finances est réactivée.  375

Luxembourg : février 1953. Dans le cadre du recours contre une décision du Ministre de l’Épuration du 8.7.1950, Théo Kerg recueille toute une série de certificats/déclarations pour sa défense. Le recours sera introduit par Maître Joseph Kerschen le 16 novembre 1953.

Luxembourg : 16 février 1953. Un certificat recueilli par Théo Kerg de ce jour, daté et signé, dit ceci : «Je soussigné Nicolas SCHONS, Adjudant de Gendarmerie E.R., demeurant 7, rue des Girondins à Luxembourg, certifie sous la foi du serment ce qui suit : Monsieur Théo Kerg aété un adversaire juré du régime hitlérien. En effet, dès son retour d’Allemagne- au printemps 1933- d’où il a été refoulé à cause de son activité antinazie, jusqu’en 1937 je l’ai connu intimement. Après sa destitution comme professeur-stagiaire (en 1934), il a été chassé de chezlui par son père et je l’ai même recueilli chez moi. Pendant la période indiquée il défendait âprement son opinion, il aidait les victimes du régime nazi, soit en leur permettant de fuirl’Allemagne, soit en leur procurant gîte et nourriture, soit en fournissant des moyens d’action à la résistance allemande. De ce fait gravement compromis et menacé dans son existence, il a été obligé de faire en apparence quelques concessions à l’occupant en hiver 1940-41. Il n’y a aucun doute pour moi qu’il les fit uniquement pour échapper à une situation particulièrement dangereuse pour lui pendant cette période trouble. En effet, entre 1940-41 j’ai revu plusieurs fois Monsieur Théo Kerg et j’ai pu constater qu’il était traqué, mais que ses opinions n’avaient pas changé. » 396

Mondorf-les Bains : 17 février 1953. Un certificat daté et signé de ce jour dit ceci : «Je soussigné Dr. Raymond Schaffner, Médecin à Mondorf-les-Bains, déporté de guerre, certifie sous la foi du serment avoir été en rapport étroit avec Monsieur Théo Kerg jusqu’au jour de ma déportation. Je n’ai jamais remarqué qu’il ait eu la moindre sympathie pour le régime nazi. Bien plus, pendant les longs séjours qu’il fît ici, et lors de nos discussions, il avait une attitude résolument antinazie et tous les soirs nous écoutions chez moi les émissions de la BBC. Il m’avait tenu au courant de ses difficultés avec l’occupant et des concessions qu’il avait été obligé de faire en hiver 1940-41 pour sauver sa vie et son jeune ménage. D’ailleurs, il cherchait une occasion de se libérer de l’emprise. A cet effet, il avait finalement résolu d’abandonner son professorat. Pour y arriver il se fit porter malade à des intervalles de plus en plus rapprochés à l’aide de mes certificats médicaux». 397

Luxembourg : 21 février 1953. Un autre certificat de ce jour, recueilli par Théo Kerg, daté et signé, dit ceci: «Unterzeichneter Heini NEUMANN, Bilhauer in Remscheid, bescheinigt hiermit eidesstattlich, mit dem Maler Théo Kerg, während seiner Studienzeit an der Akademie in Düsseldorf, eng befreundet gewesen zu sein. Herr Théo Kerg war allen Kameraden als scharfer Gegner des Nationalsozialismus bekannt und ist als solcher, nach Hitlers Machtergreifung, verhaftet worden. Nach Luxemburg zurückgekehrt, sandte er propagandistisches Material an die deutsche Resistenz und rettete gefährdete Kameraden.»  398

Luxembourg : 25 septembre 1953. Le Ministre des Affaires étrangères Joseph Bech publie, au Mémorial no 58, le texte de la «Déclaration Universelle des Droits de l’homme adoptée et proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948»Entrée en vigueur au Luxembourg le 3 septembre 1953, selon l’annonce faite par le Ministre Bech, le 15 septembre 1953. Retenons que la sentence du «tribunal sommaire» contre Théo Kerg a été prononcée le 14 décembre 1948 et que l’entrée en vigueur de cette déclaration n’aura aucune suite dans le dossier Kerg.

Luxembourg: 16 novembre 1953; au nom de Théo Kerg, Maître Joseph Kerschen 5, rue Michel Welter, Luxembourg, introduit un recours contre une décision de Monsieur le Ministre de l’Épuration du 8.7.1950, par laquelle les sanctions suivantes ont été prononcées contre lui : «sanction du blâme, sanction d’une amende de 20.000 frs (lux), sanction d’interdiction d’exercerpubliquement une activité artistique ou littéraire ou de donner une publicité quelconque auxœuvres provenant de son activité pour une durée de 12 ans à partir du 10 septembre 1944.»

Dans ce recours, les faits relatifs á cette affaire sont rétablis dans le vrai sens que leur donne Théo Kerg et sont expliqués dans les chapitres suivants: « I) Historique de l’affaire. II) Motifs du recours. III) Moyens du recours. A. Les concessions. 1. Entrée en VdB. 2.Activité au sein de la VdB. 3. Activité professionnelle pendant la guerre. 4. Lettres compromettantes. 5.Enseignement pronazi. 6. Dénonciation Arend. 7. Véritable attitude de Kerg. 8. Répercussionsde l’Épuration. » 401

Luxembourg : 30 novembre 1953. Le Ministre de la Justice Victor Bodson écrit au Ministre de l’Épuration : « J’ai l’honneur de vous informer que Maître Joseph Kerschen, avocat à Luxembourg, vient de me remettre une copie du recours qu’il a déposé au nom de son client le sieur Théo Kerg, artiste-peintre, demeurant à Paris, contre votre décision du 8.7.1950 en matière de l’enquête administrative.
Je vous donne à considérer si en présence d’un côté des faits nouveaux cités par Me Kerschen et de l’autre côté de la sanction extrêmement grave prononcée en 1950 à charge de Théo Kerg, il ne convient pas de soumettre ce dossier à une révision.
J’estime en effet que les sanctions prononcées sont extrêmement sévères par rapport aux sanctions prononcées par exemple dans des cas analogues. Ainsi les artistes inciviques ont été seulement exclus de la participation aux soumissions publiques, mais ils ont conservé la possibilité de soigner leur clientèle privée, alors qu’à l’égard de Kerg on lui a interdit d’exercer toute activité artistique ou littéraire pour une durée de 12 ans.
Je vous propose de réduire la durée de l’interdiction à 9 ans pour que l’intéressé puisse dès à présent reprendre son activité artistique dans notre pays. »  402

Luxembourg : 9 mars1954. Dans une lettre de ce jour du Ministère de l’Épuration les décisions suivantes sont prises : «1) maintien de la sanction du blâme ; 2) maintien de la sanction de l’amende de 20.000 frs lux 3) La sanction d’interdiction d’exercer publiquement une activitéartistique ou littéraire ou de donner une publicité quelconque aux œuvres provenant de cesactivités pour la durée de 12 ans à compter du 10.9.1944 est remplacée par une interdictionde 9 ans et 6 mois à compter du 10.9.1944.»Donc, à partir du 9 mars 1954 Théo Kerg est libre d’exercer de nouveau sa profession d’artiste au Luxembourg. 405

Luxembourg : 13 avril 1954. Concernant l’amende de 20.000 frs lux prononcée par la Commission de l’Épuration, Théo Kerg écrit au Ministre de l’Épuration à Luxembourg en se référant au recours introduit le 16 novembre 1953 : « Il y était clairement prouvé, à la lumière de documents nouveaux, que la peine et les sanctions épuratives prononcées contre moi étaient basées unilatéralement sur un dossier répressif où le faux, la contre vérité, la haine, la jalousie,l’exagération s’étaient efforcés de présenter un coupable à ses juges. Il y était dit égalementque je m’étais exilé volontairement en France dans le seul souci de refaire ma vie et partant celle de ma famille, que j’avais réussi rapidement à m’imposer grâce à mon travail, maisqu’à la suite de l’intervention d’un membre d’une commission d’épuration luxembourgeoiseles autorités françaises avaient pris des sanctions contre moi et que l’effet de ces sanctions continuait à se faire sentir cruellement.
En effet, comment voulez-vous qu’un homme, démuni de tout argent paie 20.000 frs lux ? N’est-il pas absurde de reprocher à quelqu’un qu’il est pauvre, qu’il ne fait pas vivre sa famille et de lui réclamer en même temps des sommes astronomiques ?
Ensuite, comment voulez-vous que je puisse me relever et travailler honorablement pour ma famille si ces sanctions continuent à peser sur moi du fait que quiconque peut à tout moment étaler votre décision partout où je travaille, où j’expose et surtout au Ministère des Beaux-arts de France ? Vous n’en ignorez certes pas les conséquences.
Enfin, comment voulez-vous réintégrer un artiste dans la vie économique si la confiance à son égard manque ? Et cette confiance – facteur essentiel de la réussite d’un artiste – manquera tant qu’un acte officiel n’aura pas certifié que cet homme peut travailler sans entrave, libre de toute sanction ! » 406

Luxembourg : 12 janvier 1955 ; vote de la Loi du 12 janvier 1955qui accorde l’amnistie pour toutes les infractions mineures contre la sûreté extérieure de l’État ayant entraîné une peine privative de liberté ne dépassant pas 5 années. Donc, amnistie pour Théo Kerg concernant la décision de la Chambre du conseil du tribunal spécial du 14 décembre 1948. Hélas, elle ne lui servira pas à grand-chose. Le harcèlement moral de Théo Kerg continuera même au-delà de sa mort en 1993.

Cependant, depuis les expositions de Théo Kerg au MNHA et Cercle-Cité, en 2013-2014, à la Villa Vauban de la Ville de Luxembourg, en 2018-2019 et au Centre national de littérature à Mersch, en 2018-2019, le dossier de cet artiste ne semble plus susciter autant de controverses. Le Grand-Duché de Luxembourg a maintenant l’occasion de soutenir un artiste exceptionnel de son patrimoine culturel national à l’échelon international. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Renvois et références.


99   Voir ANLux / dossier IP/ 387.
108 Voir ANLux/ dossier IP/ 387

109 La lettre de Joseph Bech du 26.01.1934 au Directeur Manternach de l’École Industrielle et Commerciale d’Esch-sur-Alzette se trouve aux ATK.
112 Henri Koch-Kent, Vu et Entendu, souvenir d’une époque controversée 1912-1940, page 110-117, 1983.

113 Kassiber du 18.4.1945 de TK, témoignage de l’épouse de TK, Bericht 10.5.40-10.9.44, sont aux ATK.
114 Des photos des documents sont aux ATK.
117 Lettre de Joseph Bech du 26.01.1934 au Directeur Manternach de l’École Industrielle et Commerciale d’Esch-sur-Alzette se trouve aux ATK.

118 Voir Kassiber du 18.4.1945 qui se trouve aux ATK.

119 Voir Bericht du 10.5.1940- 10.9.1944 de TK et le Bericht du 20.11.44 de TK qui sont aux ATK.
120 Voir Tageblatt du 7.7.1934, page 5, Um den Fall Kill – Urbany.

122 La copie de la lettre de mai 1987 de TK au professeur Carlo Schmitz se trouve aux ATK.
139 Voir BNL/ dossier EPU / K 410.
191 Tageblatt du 01.03.2013, page 12, article de Georges Buchler.
200 Le «Bericht» du 20.11.44 et le «Bericht» du 10.5.1940-10.9.1944 de Théo Kerg se trouvent aux ATK.

201 Carlo Müller, Luxemburg im 2. Weltkrieg. Die Kollaboration.histoprim.cte.lu/lehrer/wk0.htm, 5.8.2013.

202 Information reprise d’un document qui se trouve aux ANLux / EPU VIII /105.

203 Copie de la lettre du 30 sept.1940 du Conseiller L. Simmer au Directeur de l’Ecole se trouve aux ATK.

204 La lettre du 1.10. 1940 du chef de la «Zivilverwaltng» Lippmann au Directeur Thibeau se trouve aux ATK.
206 La lettre du 21 juin 1946 de Théo Kerg à Maître François Wirtz se trouve aux ATK.
205 Copie de la lettre du 4.10.1940 du Conseiller Simmer au Directeur du Lycée d.j. filles se trouve aux ATK.

206 La lettre du 21 juin 1946 de Théo Kerg à Maître François Wirtz se trouve aux ATK.

208 Le formulaire en question, rempli par Théo Kerg, se trouve dans le dossier ANLux /EPU/ K410.
209 Voir le «Bericht»du 10.5.1940-10.9.1944 de Théo Kerg se trouve aux ATK.

210 de.wikipedia.org/wiki/Volksdeutsche_ Bewegung, 23.02.2013

211 Chronique APESS 100 ans, 2006.

212 Copie de la circulaire du conseiller L. Simmer, du 5 novembre 1940, se trouve aux ATK.

213 Voir le «Bericht»du 10.5.1940-10.9.1944 de Théo Kerg aux ATK

215 La lettre du 3 décembre 1940 de Théo Kerg à son directeur se trouve aux ATK.

216 La lettre du 12 décembre 1940 des 7 professeurs de dessin à l’Oberschulrat Lippmann se trouve aux ATK.

221 Une copie de ce document du 18 décembre 1940 se trouve aux ATK.

222 La copie de la lettre d 27 décembre 1940 de Théo Kerg au Kreisleiter Diehl se trouve aux ATK.

224 Le «Bericht» du 10.4.1940-10.9.1944 de Théo Kerg se trouve aux ATK.

228 L’article du 12 .2.1941, « 70 lux. Erzieher auf Schloss Friedewald », voir ANLux / dossier EPU/ K410.

229 Voir le « Bericht » du 20.11.1944 rédigé par Théo Kerg qui se trouve aux ATK.

230 La lettre du 5.3.1941de Théo Kerg au Conseiller de Gouvernement Steinkohl se trouve aux ATK.

231 Chronique APESS 100 ans, 2006.

232 Voir ANLux/ dossier EPU K410.

233 Copie de la lettre du 27.3. 1941 de Lippmann au directeur du Lycée de j.f. d’Esch-Alzette aux ATK.

234 Paul Dostert, d.dt. Besatzungspolitik u.d.volksdt. Bewegung 1940-1945. op.cit.no. 173.

235 histoprim. cte. lu / lehrer/wk0.html, 23.02.2013.

238 Le recours du 16 novembre 1953 de l’avocat Kerschen pour TK se trouve aux ATK.

239 Page 140, LHCE, brochure du Centenaire 2011.

241 Voir ANLux/ dossier EPU/K410.

242 APESS, Chronique 100 ans, 2006.

244 Une copie de la lettre du 12.9.1941 de TK à la Zivilverwaltung se touve aux ATK.

245 La lettre du 3 octobre 1941 de la Zivilverwaltung à TK se trouve aux ATK.

246 Paul Dostert, d.dt. Besatzungspolitik u.d.volksdt. Bewegung 1940-1945. op.cit.no. 173.

247 Ibidem

248 La lettre du 21 juin 1946 de Théo Kerg à Maître Francois Wirtz, page 28, trouve aux ATK.

249 Voir le « Bericht» du 10.5.1940-10.9.1944 deThéo Kerg qui se trouve aux ATK.

251 Voir le «Bericht» du 10.5.1940-10.9.1944 de Théo Kerg
257 Le «Einberufungsschreiben» du 29.7.1942 du «deutscher Lehrerbund» se trouve aux ATK.

258 Paul Dostert, d.dt.Besatzungspolitik+ d.volksdt. Bewegung 1940-1945, op.cit.no 173.

259 La lettre du 6.9.1942 de Théo Kerg à l’Oberschulrat Lippmann se trouve aux ATK.

260 Voir le « Bericht « de TK du 10.5.1940-10.9.1944 qui se trouve aux ATK/ Certifi. du Dr. Hubert Meyers, Radiologue 21.8.42, Dr. Félix Worré, 3.9.42, Dr Schaffner, Mondorf, déclaration du 7.2.46, sont aux ATK.

261 Témoignage écrit du Prof. Marie Maroldt, docteur en philosophie et lettres, spécialités: latin-français se setrouve aux ATK, et aux ANLux/. dossier IP 394.

262 ANLux / voir dossier IP 485 .

263 La lettre manuscrite du 12 .9.1942 de TK au Kreisleiter des DLBL, L.Thoss, se trouve aux ATK.

264 La liste no 147, du 18 .9.1942, du directeur Dotzenrath se rouve aux ANLux / dossier IP 485.

265 La liste du 16 octobre se trouve aux ANLux, au dossier IP 485.

266 Chronique APESS 100 ans 2006 et aux ANLux, dossier IP 485.

268 La lettre du 7.11.1942 du directeur Dotzenrath à Théo Kerg se trouve aux ATK.

269 La lettre du 9 .11.1942 de la CdZ à Théo Kerg se trouve aux ATK.

276 Le formulaire d’adhésion du 15 avril du 1943 sign. p. Théo Kerg se trouve aux ANLux / dossier K 410.

277 La lettre du 11.5.1943 de la CdZ à TK se trouve aux ATK.

278 La lettre du 14.5.1943 de TK à la CdZ se trouve aux ATK.

280 La lettre de la CdZ du 03.08.43 à TK, Entlassungsurkunde aus dem höheren Schuldienst se trouve aux ATK et aux ANLux / dossier K 410. Paul Staar a été Directeur de l’Ecole Normale à Ettelbrück pendant toute l’occupation allemande. Après la libération des reproches de collaboration lui ont été faites. En mai 1947 le parquet à conclu «qu’il y a lieu de classer cette affaire.
La bonté de cet homme et les services qu’il a rendus à ses compatriotes font incliner le plateau de la balance en sa faveur et une poursuite devant le tribunal spécial aboutirait à un acquittement certain.» En août 1949 l’affaire pénale politique… a été classée.

287 Voir annonce dans le «Nationalblatt» du 1/2.4.1944, du 17/18.6.1944 et du Tageblatt du 1/2.4.1944.

288 Le «Bericht» du 10.5.1940-10.9.1944, la lettre du 2.3.1944 de TK, la lettre du 29.3.1944 de la Landeskulturkammer, la facture Kunstdruckerei-Lithographien Eduard Huss du 20.3.44 pour 41 lithos à 100 exemplaires se trouvent aux ATK.

291 Art. TG 1/2.4.44, TG 6.4.44, et du 15/16.4.44 de la 1. Frühjahrsausst. de 1944 et le catalogue, aux ATK.

293 La fact. des transports Welter du 26.6.44 et le certif. d. départ de la Police Luxembg. du 19.6.1944, ATK .

294 La quittance de cet achat de TK du 24.8.1944 se trouve aux ATK.

295 www.regionalgeschichte.net/bibliothek/texte/aufsaetze/krier-luxemburg.html 23.02.2013.

296 Emile Krier, Luxemburg am Ende der Besatzungszeit und der Neuanfang.

297 Ibidem

298 Emile Krier, Luxemburg am Ende der Besatzungszeit und der Neuanfang.

299 Ibidem

300 Le «Bericht» du 20.11.1944 de TK se trouve aux ATK.

301 Voir lettre du 21.6.1946 de TK à Maître Francois Wirtz, qui se trouve aux ATK.

302 Voir « Bericht» du 10.5.1940-10.9.1944 de TK et lettre du 21.6.1946 de TK à Maître François Wirtz.

303 Georges (dit Menn) Schommer,(26.02.1987-26.02.1961) assuma des fonctions dirigeantes pendant plus de 40 ans au sein de la FNEL. Après le décès du ministre de l’Intérieur, de l’Economie et des Transports, Etienne Schmit, le 10 décembre 1937, Georges Schommer était pressenti par son parti (libéral) à sa succession au gouvernement . Le Premier ministre, Pierre Dupong, (parti de droite), refusa
la nomination de Schommer en raison de son appartenance  présumée à la franc-maçonnerie. Georges Schommer avait réussi à quitter le pays le jour de l’invasion nazie en 1940, puis à se rallier au gouvernement en exil et, fut nommé secrétaire général du ministère des Affaires étrangères par
Joseph Bech. Schommer fit partie, après la libération, du groupe « Civil Affairs », chargé d’administrer le Grand- Duché avant le retour du gouvernement et de la famille grand-ducale.
Le 12 septembre 1944, Menn Schommer prit l’ordonnance interdisant toute arrestation et perquisition arbitraire. L’ordonnance fut rédigée dans le contexte de la proclamation de l’«Unioun» du 10 septembre. Dans cette déclaration, l’association patriotique, dont les membres agissaient munis de brassards portant deux lions rouges et l’inscription « Miliz », s’arrogeait des pouvoirs de police. Extrait du journal « Le Quotidien » du 2 mars 2014. Journaliste : Jean Rhein.

304 www.regionalgeschichte.net/bibliothek/texte/aufsaetze/krier-luxemburg.html 23.02.2013.

306 Le «Bericht» du 20.11.44 de Théo Kerg, certifié conforme par l’avocat de TK, Netty Probst, aux ATK.

307 La lettre du 26.11.1944 de l’avocate Netty Probst au Ministre de la Justice se trouve aux ATK

308 Ibidem

310 Ministère d’État: Bulletin d’information du 28 février 1945, N° 3, S.4/ Emile Krier, Luxemburg am Ende der Besatzungszeit, 23.02.2013.

312 SIP, les gouvernements de 1848 à nos jours.

313 La lettre du 9 avril 1945 Ministre Pierre Frieden au Ministre Robert Als, ANLux, dossier EPU/ 318.

314 Ibidem et dossier EPU/ K410.

315 Le message clandestin du 18.4.1945 de TK à sa femme se trouve aux ATK.

316 Lettre du 10 juin 1945 de Théo Kerg au Ministre de l’Intérieur se trouve aux ATK.

319 Courriel du 1.11.2010 de Henri Wehenkel à Carlo Kerg.

321 Lettre du 16.11.1953 de l’avocat Joseph Kerschen aux ATK/et aux ANLux/dossier EPU / K 410.

322 René Deltgen, eine Schauspielerkarriere, CNA & Ministère de la Culture, 2002.

323 La lettre du 3 janvier 1946 de Maître Netty Probst à l’épouse de TK est aux ATK.

324 Le certificat de libération du 7 jnavier 1946 de Théo Kerg se trouve aux ATK.

325 Le certificat manusc. d. Francois Steffen, Malermeister, Neustrasse 1, Diekirch, du 28.8.1946, aux ATK.

326 In propria causa, fascicule du 31.3.1946 du barreau de Luxembourg, se trouve aux ATK.

327 Ibidem

328 Ibidem

329 Ibidem

330 L’attestation du 8.4.1946 de l’Administration communale de Putscheid à TK se trouve aux ATK.

331 La facture du 5.5.1946 de l’Hôpital Sacré Coeur de Diekirch à TK se trouve aux ATK .

332 La quittance du 31.5.1946 de l’Hôpital Sacré Coeur de Diekirch à TK se trouve aux ATK.

333 Le questionnaire du 27.6.1946 de l’Epuration rempli par TK se trouve aux ATK+ aux ANLux / dos. K 410.

335 La lettre du 14 .7.1947 de TK à l’Ambassadeur du Brésil à Anvers se trouve aux ATK.

336 La lettre du 14.7.1946 et celle du 25.7. 1946 de TK à sa mère se trouvent aux ATK.

338 Le certificat médical du 21.7.1946 du Dr. Nickels pour TK se trouve aux ATK.

341 La carte postale du 30.7.1946 du Ministère de la Justice se trouve aux ATK.

342 La quittance se trouve aux ATK.

345 Document officiel du Venezuela, du 5 septembre 1946, se trouve aux ATK.

346 Document de la société de navigation d’Amsterdam qui se trouve aux ATK.

347 Certificat de départ du Sous-officier Régional de Ravitaillement de Diekirch du 21.9.1946, aux ATK.

352 Voir ANLux / dossier EPU/ K410.

355 Voir ANLux / dossier EPU/ K410.

358 Voir ANLux / dossier EPU/ K410.

359 Voir ANLux / dossier EPU/ K 410.

360 Il ressort d’un article intitulé « L’autre guerre » de l’historien Denis Scuto, paru dans le « Tageblatt » du 4-6 avril 2015, que Nicolas Margue a signé le 1er août 1940 la pétition à Hitler, à côté des membres de la Commission administrative, des 41 députés encore présents au pays, de neuf conseillers d’Etat, de presque tous les avocats et juges, de 150 prêtres et de beacoup d’autres personnalités de la vie économique et culturelle. Voici un extrait de cette pétition: «An den Führer. Exzellenz, Im Hinblick auf die Neugestaltung der politischen und wirtschaftlichen Verhältnisse in Westeuropa, beehren sich die unterzeichneten Vertreter aller Kreise des luxemburger Volkes, dem einmütigen Wunsch der gesamten Bevölkerung des Großherzogtums auf Beibehaltung eines staatlichen Eigenlebens des Großherzogtums im Rahmen der neuen europäischen Ordnung hiermit zum Ausdruck zu bringen.»

361 Voir ANLux / dossier EPU/ K 410.

362 Voir Chronique APESS 100 ans

363 Voir ANLux / dossier EPU /318.

371 Voir ANLux / dossier EPU/ K410.

373 Voir ANLux / dossier EPU / K410.

374 Ibidem

375 Ibidem

396 Voir ANLux / dossier EPU / K 410.

397 Le certificat du 17.2.1953 du Dr. Raymond Schaffner pour TK se trouve aux ATK.

398 Le certificat du 21.2.1953 de Heini Neumann pour TK se trouve aux ATK.

401 Voir ANLux /dossier EPU/K 410. Le recours de maître Joseph Kerschen du 16.11.1953 se trouve aux ATK.

402 Voir ANLux/ dossier EPU/ K 410.

403 Voir ANLux / dossier EPU / K410.

405 L’exposition «Confrontation» dure du 02.02. au 20.02.54.

406 Voir ANLux / dossier EPU / K 410

Carlo Kerg / Luxembourg, le 25 avril 2019

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